lundi 18 août 2014

PORTRAIT "BALLADS": BATIST





Une fois de plus le Pop In, ce bar si chaleureux, sera l'amorce de ce nouvel article, puisque c'est encore une fois là bas que j'ai rencontré Batist. Et une fois de plus lors des open mics que nous animons, Guillaume Léglise et moi même, chaque dimanche. 
J'ai tout de suite été séduit par l'écriture de Batist. Il jouait chaque dimanche, flanqué de sa guitare, avec une voix d'un autre temps, celui des années 90, celui du grunge. Les mélodies de ses chansons étaient belles, nostalgiques, sa main rythmique offrait un groove solide, binaire et rock, tandis que sa main gauche chantait souvent trois voies différentes. Plus tard, à l'occasion d'une conversation avec Batist, ce dernier me confiant que la guitare classique avait été sa première étude. En 2012, sa chanson "Girls" me restait en tête toute la semaine. J'avais très envie de lui proposer de produire ce titre, mais je n'osais pas. Au début de l'année, j'avais tenté des productions avec Victorine, mais c'est Gael Etienne qui les terminait finalement. J'avais peu d'idée de production à ce moment là, et j'étais très admiratif de Natas Loves You et Apes and Horses, ainsi que d'Ollie Joe. Cette nouvelle génération m'impressionnait beaucoup et j'associais Batist, de par son âge, à cette génération là. 
Ma timidité s'est un peu évaporé grâce à Cléa Vincent. Je lui confiais que j'adorais ce que chantais Batist, et elle me confiais que Batist était son cousin. 
Je rencontrais finalement Batist et lui proposais de réaliser un single digital sur mon label. Il avait déjà commencé des prises avec son ami Tonynio, et je continuais en ajoutant la batterie, puis en enregistrant de nouveau la guitare et la basse, jouées par Batist. Ce dernier chantait, je prenais un choeur. Puis il enregistra une ballade, et le tour était joué. Mon amie Victorine aimait beaucoup le titre, et en tant que membre de mon label, elle s'est fait une joie d'apporter une idée sous la forme d'un clip. Quelques mois plus tard, Batist enregistrait un nouveau single produit par Tonynio et Alex du fabuleux groupe This is Avalanche, puis un clip. Puis nous montâmes ensemble Les Chansons de Ma Tante, un quartet avec Clea Vincent, Batist, et David Argellies dans lequel nous jouons les chansons de ma tante Joyce Giani. J'ai été surpris par la rapidité d'apprentissage de Batist. Certes, je l'accompagnais déjà de temps en temps sur scène avec une immense joie, tant je pense qu'il est un excellent guitariste, mais lorsque nous avons commencé LCDMT, j'ai été subjugué. Un son limpide, une rythmique solide, des solis de guitar héro. Un peu plus tard, nous avons monté un quintet de Jazz Rab avec Cléa, Raphael Léger, Raphael Thyss, Batist et moi. Batist y tient la basse et peut être bientôt la contrebasse. Puis nous nous sommes croisés sur scène lorsqu'il commençait à être de plus en plus sideman, comme pour la soirée 1974, organisée par Cléa Vincent. Jouer avec Batist est un immense plaisir. J'ai souhaité qu'il soit un des guitaristes solistes de mon album "Ballads". Comme les autres, il n'avait rien préparé et ne savait pas où je comptais le faire jouer. D'ailleurs, je ne le savais pas non plus. Je sais jamais où je vais quand j'enregistre. Mais je savais que ce son grunge m'était indispensable. Il prend un solo sur "ocean bird", et un sur "ice gold", joue de la folk sur "soldiers of creation", joue à d'autres endroits et secoue aussi un maracas ça et là.
Depuis "Ballads", j'ai réalisé avec Tonynio l'album solo de Batist, sur mon label. J'y joue des batteries et un choeur. Les sessions que nous avons fait ensemble ont duré 2 heures et quelques. 
Je vous recommande tout ce que fait Batist, en solo, ou en sideman. C'est un songwritter génial et un accompagnateur solide. 

dimanche 3 août 2014

"BALLADS" Nouvel album le 20 aout en LP et DG

Le 20 août sortira "Ballads", mon nouvel album et également le 24eme à ce jour. Il sera publié en vinyle et digital. 

Pour commander le vinyle, c'est ici, et pour le digital, c'est

Il y'aura un distributeur. C'est à l'étude. Mais il n'y aura pas d'attaché de presse. Ce n'est pas un disque pop. J'en ferai peut être un bientôt. 

J'ai donc dressé un portrait de "Ballads", mais j'ai oublié quelques détails. Ce blog étant une appendice digitale destinée à tout le monde, je me dois d'apporter encore un peu de clarté. 

Tout d'abord, j'ai pensé à "Ballads" il y'a quelques années. Je souhaitais enregistrer un disque de la façon la plus calme et improvisée qui soit, avec seulement des ballades au programme. C'est une formule stylistique dont le jazz est friand. Beaucoup de disques de jazz s'appellent "ballads". Par la suite, je me suis rendu compte que j'écrivais de moins en moins de ballades. Celles de "and then we take another road"étant un peu trop sombres. Je me suis alors souvenu qu'il y'avait une autre tradition que j'aimais, et que celle ci se situait plutôt dans la musique folk: la restauration de son propre répertoire. Certes, en jazz aussi, c'est une pratique appréciée, mais en folk, il y'a comme un décontraction à restaurer ses propres chansons qui me plait beaucoup. En 2004, je me prêtais au jeu et enregistrais "Kim is Dead", avec seulement 4 inédits sur 15. Tout le reste étant restauré, avec des amis. A cette époque là, et vu le contexte musical, certains ont pensé à un album de remix, mais ça n'a jamais été le cas. Tout avait été réenregistré. Il manquait donc peut être une couleur de prédilection affichée. J'ai donc pensé à restaurer quelques unes de mes ballades pour un disque intitulé "Ballads". 5 chansons étaient déjà publiées précédemment. "David Cicone" sur "Rock N Roll Calvaire"(2006) dans une version uniquement accompagnée au piano. "Ocean Bird", que je ne me lasse pas d'interpréter dans toutes sortes de formules, et qui se trouvait initialement sur "Goodbye Lady Lane"(2001) puis accompagné par Herman Dune dans "Kim is dead" (2005), puis joué avec Grand West sur le premier maxi du groupe (2011), puis avec Cocktail Bananas dans le troisième album du groupe (2013). "Christmas song" était déjà publiée en 2010 sur un 45 tours chez Moelleux Records, pour Noël. "Soldiers Of Creation" était sortie sur "And then we take another road" (2011) dans une version à la guitare et avec mon chant. Ici c'est Animau qui chante à ma place. "Summer in Pyla 2012"est une nouvelle version de "Summer In Pyla", publiée dans mon album "Fatal Mambo" (2007) mais avec un nouveau texte. "Ballads" est une toute nouvelle chanson, avec un texte de Valérie Hernandez. "Solenn" fut publiée en 2009 sur mon album "Mary Lee Doo", et se trouve donc dans une version de 13 minutes totalement improvisée sur mon nouveau disque. Enfin, "Ice Gold" est une toute nouvelle chanson, avec un texte de Valérie Hernandez. 

Je passe le plus clair de mon temps à enregistrer seul. Mais pour "Ballads", je souhaitais qu'il y'ait le plus de copains possible. Lorsque j'ai dressé ma liste de souhaits, j'avais trop de musiciens à inviter. Alors j'ai décidé de me concentrer sur mes amis musiciens leaders ou chanteurs. Ceux qui mènent les projets. Ainsi, j'ai du mettre de coté certains amis qui sont accompagnateurs ou simplement discrets. Car je voulais qu'il y'ait un maximum d'improvisations. Je voulais entendre toutes sortes de chorus. Et tout le monde s'est exprimé. Peut être Clément Daquin et Sofia Bolt sont ils resté un peu plus en réserve, soucieux de tenir la rythmique, mais leur accompagnement était bien le leur, avec le son rond de Clément, et la guitare tranchante de Sofia Bolt. Cette idée de se faire accompagner par des leaders m'est venue de mon expérience de batteur pour Victorine qui n'engage dans son orchestre que des meneurs à fort caractère. Il y'eut pourtant des absents: Ollie Joe n'a pas pu être là. Je l'imaginais prendre le solo de "ice gold". Les Natas Loves You n'ont pas pu être là non plus. Je rêvais d'avoir un autre trio de choristes pour quelques chansons. Victorine était en déplacement. J'aurais aimé entendre sa voix sur "Solenn". Enfin, tous les autres gens avec qui j'aime jouer m'ont manqué, même si je tentais un peu de faire une rencontrer moins évidente, puisque la plupart des musiciens de la séance "Ballads" ne se connaissaient pas. Avec moins de confort, je ne risquais pas tomber dans des habitudes. De la même façon, je me suis obligé à ne pas jouer de guitare, pour éviter encore de sentir mon jeu. J'ai chanté et joué la batterie. Certes, plus tard, durant le mixage, j'ai rajouté un solo de guitare à la fin de mon disque, puis un solo d'harmonica qui manquait, puis un tambourin et quelques claps. L'affaire d'une heure de prises. 98% du disque a donc bien été enregistré entre 10 heures et 19 heures le 5 juillet 2013 au studio CBE. David Mestre en était l'ingénieur du son. Julien Deborgher l'éditeur de la plupart des titres, chez Gimme Shelter, à l'exception d'un seul chez Vicious Square. Donc, ce disque a été pensé pour être capturé en une seule journée. La raison principale étant les emplois du temps des uns et des autres. Mathias Malzieu n'a pu rester que deux heures sur place, car il travaillait sur son film. Cléa Vincent préparait son album. Baptiste W Hamon enregistrait des chansons, Valérie Hernandez travaillait à son atelier, Guillemette Foucard était par la suite en répétition dans le Sud Ouest, son frère tournait avec Wagner, Clément Daquin finissait son album de ALB, Jan Ghazi avait pris un jour de congés de son métier de directeur artistique, Batist venait de sortir son nouveau maxi, Sofia Bolt également. Guillaume Léglise terminait le nouveau My Broken Frame, Henri Caraguel était en tournée avec les Wackies et commençait le nouvel album de Cocktail Bananas de son coté. Paulette Wright démarrait un projet de théâtre et quelques concerts. Le studio CBE lui même était complet. 
Tout devait se passer ce jour là. Et nous l'avons fait. Ces chansons sont des ballades que j'ai écrites entre 2001 et 2014. Elles parlent presque toutes de la plage ou de la famille. A l'écoute de ce disque, je me dis que j'aurais pu jouer encore plus doucement. Peut être pour une prochaine fois. 

 

PORTRAIT BALLADS: GAEL ETIENNE





J'ai rencontré Gael Etienne il y'a trois ans, lorsqu'il devint omnichordiste de Victorine. Nous répétions d'ailleurs en trio, souvent, le dimanche, juste avant d'aller à l'open mic du Pop In. Lui sortait en général de sa répétition dominicale avec Lescop. J'ai écouté à ce moment là la musique de Gael. Je connaissais son ancien groupe, Koko Von Napoo, mais n'avais pas entendu A Part Time Punk, son projet en solo. Je tombais sous le charme. L'ambiance générale de sa musique, à la fois synthétique et touchante, à la fois dansante et chantante, me tapa dans l'oeil. Victorine, qui fait partie de Mk Label, proposa de sortir des titres en digital de A Part Time Punk. Trois singles sortirent chez Mk Label cette année là. Et puis Gael était aussi un talentueux graphiste depuis des années. Mais en 2012, il décida de se consacrer à la musique. Lescop prit beaucoup de temps à Gael à ce moment là. Ainsi, il eut moins de temps à consacrer à Victorine sur scène. Qu'à cela ne tienne, Gael s'investissait de plus en plus dans les arrangements et la réalisation de titres pour Victorine, lorsqu'il rentrait chez lui. Accompagné de Aurélien Hamm, ils se mirent à réaliser un album entier, aujourd'hui en mixage chez Guillaume Léglise. 
J'ai parfois demandé à Gael de replonger quelques instants dans son ancien métier de graphiste pour moi, lors de pochettes de sketchs avatars ou pour des calendriers de mes dessins. 
Pour "Ballads", j'avais envie d'une pochette qui renvoie au jazz, de part le titre jazzy de mon album. Avec cette simple proposition et celle de placer des photos des musiciens, Gael eut des idées. Gael a tout le temps des idées. Il me proposa une pochette sans bas ni haut, lisible dans plusieurs sens. Ainsi, on distinguait mal la face A de la face B, et cette idée me plut. Il plaça des étiquettes sans indications sur les ronds centraux des vinyles et la pochette fut faite. Tout le concept graphique de "Ballads" est une création de Gael Etienne. 
Je vous recommande d'écouter A Part Time Punk et de jeter un oeil ça et là à tout ce que fait Gael, y compris en graphisme. Il vient de participer à la pochette de Marc Dess, il me semble, mais aussi réalise des disques, écrit des musiques. 

PORTRAIT BALLADS: BAPTISTE W HAMON


Les open mics du Pop In sont peut être le sujet récurent de ce blog tant il revient à chaque portrait que je dresse d'un des musiciens de "Ballads". Mais c'est justifié car ces soirées du dimanche sont un carrefour que j'ai la chance d'animer avec Guillaume Léglise, et qui me permit, dès 2008, de rencontrer un tas de musiciens passionnants. Et le cas de Baptiste W Hamon en fait bien sûr partie.
Je l'ai d'abord croisé en chanteur néo folk aux accents texans. Fabien Fabre, chanteur improbable du Pop In, défendait becs et ongles sa musique lorsqu'il venait chanter en anglais des folk songs punks sous le nom Texas In Paris. J'ai quelques rares souvenirs de lui. Puis il disparut. Je crois qu'à cette époque il était parti dans un pays, je ne sais lequel. Victor Peynichou, du label Midnight Special Records venait parfois jouer du blues au Pop In et tentait de monter son label, principalement axé sur le format cassette, à ce moment là. Il me parlait alors d'un projet qu'il avait avec Baptiste W Hamon. Ce dernier chantait désormais en français. Victor me disait qu'il voulait enregistrer quelques titres avec lui pour un projet de cassette split avec Cléa et son projet frenchy bossa d'alors, "Les Coquillages", sur une face, et Baptiste sur l'autre. 
Faisant confiance à Victor et son oreille imparable,  je fonçais à un concert à l'International où Baptiste jouait, accompagné de son frère à la basse, un copain à l'alto et un autre copain à la guitare. Effectivement, Baptiste avait réussi ce pari incroyable de chanter la France rurale sur fond musical d'Amérique rurale. Le mélange du bluegrass et de la chanson des années 50 en France marchait à merveille. Il avait changé de langue, mais pas de sujet, et pas non plus de musicalité. Pas non plus d'interprétation, ce qui choqua parfois les pisses froid. J'étais devenu fan de sa musique. En lui parlant de la claque qu'il venait de me mettre, il me parlait de sa recherche d'un studio où il pourrait essayer de nouvelles versions de ses chansons. Je lui proposais de faire tout ceci chez moi. Je jouais à l'époque comme batteur de Natas Loves You, en remplaçant de leur batteur à l'armée, et préparais une tournée comme musicien de Daniel Johnston. Alors je jonglais dans mon emploi du temps. Mais les séances avec Baptiste était passionnantes. Il avait une idée précise de ce qu'il voulait. La voix bien en avant, la stéréo assez large et que ça sonne comme de vieux Cohen. Je n'avais jamais vraiment fait ça, j'ai donc beaucoup appris. Je partais ensuite pour Montreal pour monter le spectacle "Play"et à mon retour, Baptiste me proposa quelques dates en batteur pour lui. J'avais joué un peu de batterie aux ballets dans son enregistrement, et il souhaitait tenter quelque chose de similaire en live. Nous avons joué ensemble, quelques fois, et j'avais le sensation d'accompagner Calexico autant que Manset. Fin 2012, je jonglais entre mes tournées du spectacle "Play", mes concerts solo et un projet de tournée des Inrocks Lab en présentateur, quand Victor de chez Midnight Special Records, qui venait fraichement d'être nommé programmateur du Vieux Leon, nous proposa, à Baptiste et moi, d'animer un open mic tous les mercredis. Puis, finalement, chacun notre tour. J'étais tout le temps sur la route, et Baptiste anima finalement plus souvent que moi cet open mic. Pour l'occasion, j'achetais un dobro. Mais aussi parce que Baptiste me donna à nouveau envie de faire de la musique folk. Fin 2012 nous entrions ensemble en résidence aux Trois Baudets et j'en profitais pour capter quelques images pour un de mes clips de 2013, "Dublin Blues". Quelques mois plus tard, en pensant à mon projet d'enregistrement de mon album "Ballads", je proposais à Baptiste W Hamon de jouer du banjo sur ce disque. Il me rétorqua qu'il ne savait pas en jouer, ce à quoi je lui répondis qu'il avait quelques mois pour apprendre. Je lui prêtais alors mon 5 cordes bluegrass et nous nous retrouvâmes au studio CBE pour l'enregistrement de mon album en juillet 2013. Le 5. Il joue donc du banjo et un peu d'harmonica. 
Par la suite, j'ai réalisé un clip dessiné et peint pour Baptiste W Hamon. De son coté, il a enregistré un disque qui doit sortir sous peu et vient de signer chez un tourneur conséquent. J'ai aussi entendu parler d'une collaboration avec Cléa Vincent. 
Je vous recommande tout ce que fait Baptiste W Hamon. Il est, je pense, un immense auteur, et même un immense songwritter, devrais je dire. Ses enregistrements, mais aussi ses recueils de poèmes, sont magnifiques. Actuellement, Ollie Joe chante du Baptiste W Hamon. Suivez les donc. 

PORTRAIT BALLADS: GUILLEMETTE FOUCARD


J'ai rencontré Guillemette Foucard au début de l'année 2011. J'aimais beaucoup son groupe, April Shower. Et je découvrais, bien que le groupe soit bordelais, que Guillemette était ma voisine à ce moment là, dans le 18e arrondissement de Paris. Nous nous sommes croisés ça et là et j'avais très envie de produire et réaliser quelques titres pour son groupe. Nous sommes alors devenus amis, puis avons intégré l'orchestre de Victorine. Cette dernière l'avait vue chanter avec son frère lors des open mics du Pop In et trouvait séduisant d'avoir les "Frères Foucards", comme nous les appelions, en choristes. De mon coté, je jouais de la batterie pour Victorine. Ensemble, et aux cotés de Gael Etienne, Ollie Joe, Aurélien Hamm, Donald Abad, Rémi Foucard, et Fabien Fabre, nous avons commencé toute une série de concerts spectacles avec Victorine. Je découvrais alors l'humour de Guillemette qui était toujours partante pour effectuer une roulade, un sketch ou un déguisement improbable. Elle écrivait quelques chansons au piano ainsi que d'autres pour son groupe. Nous rentrâmes en studio en juillet 2011 avec ces dernières mais le résultat ne leur plaisait pas. J'étais accompagné de Mathias Malzieu sur cette expérience. Il découvrait peut être ici de plus près l'immense capacité vocale de Guillemette et l'engageait dans un trio de choristes pour Dionysos dans la tournée qui suivit. Plus tard, Guillemette devient aussi choriste d'Ollie Joe, puis de toutes sortes de projets, toujours partante pour donner de la voix. De part ses études dans le chant lyrique, elle peut, avec un timbre assez clair, aller chercher des notes très aigües et les tenir d'une belle façon. 
Nous avons fait aussi à cette époque des sketchs en veux tu en voilà. Souvent musicaux. Lors d'un concert de Victorine, et donc, sur la route, nous avons enregistré une chanson débile avec un clip débile sur le sujet du vomi. En 2012, je proposais à Guillemette de jouer une danseuse de roues dans un de mes clips "Lily Catastrophe", puis de se faire manger par des vampires dans mon clip "Death", ou encore de jouer de rôle d'un robot et d'une cagole dans un spectacle que je proposais au Pop In avec des personnages avatars. Et Guillemette était toujours partante. 
Dans mes enregistrements, j'aime que l'ambitus soit élevé. Ainsi, je veille toujours, et si possible à la voix, à placer une notre extrêmement basse, puis une autre extrêmement haute un peu plus loin. C'est une manie que j'ai dans tous mes enregistrements depuis que j'ai entendu dire que les romantiques allemands pratiquaient cette technique d'ambitus maximum, même discrète, pour secouer l'affect.
Je savais que nous aurions, lors de l'enregistrement de "Ballads", un piano, et possiblement des notes très basses. J'avais envie d'une voix haute, par moments. J'ai invité Guillemette à faire partie d'un groupe de choristes, composé d'Animau (Valérie Hernandez ), Paulette Wright ( quand elle n'était pas à la guitare ), Rémi Foucard ( quand il ne jouait ni violon ni orgue ) et elle même. 
C'est elle qui chante en soprano dans le disque. Paulette est légèrement plus basse, et Animau et Rémi ça et là. Ils ont improvisé les choeurs et je les en remercie encore. 
Je vous recommande tout ce que fait Guillemette Foucard, qui, certes, est assez difficile à suivre. 
 
 

samedi 2 août 2014

PORTRAIT "BALLADS": GUILLAUME LEGLISE

J'écoutais la musique de Guillaume Léglise bien avant de le connaître, vers 2005. J'ai souvent eu l'impression de l'avoir déjà croisé quelque part. J'aimais beaucoup la musique qu'il jouait sous le nom My Broken Frame. Je l'avais découvert  via My Space. My Broken Frame, à l'époque, jouait de façon folk, en trio, avec du violoncelle. Intimiste et classieux. C'est en m'installant à Paris début 2008 que je rencontrais l'homme élégant derrière les platines du Pop In, accompagné de Yaya Herman Dune, ou Peter, ou Wilfried. Ils animaient ensemble les open mics du dimanche. Je venais y jouer, comme j'avais déjà fait quelques fois depuis 2003, quand je passais à Paris. Quelques mois plus tard, je tombais à nouveau sur Guillaume Léglise lors d'un concert de son autre groupe de cette époque, Go go Charlton, à Tulle, où je jouais en solo, ainsi que Henri Caraguel avec Samba Wallace. Je me souviens de cette soirée, de sa sono épouvantable et d'un public qui hurlait "ils jouent la musique de la pub". En réalité, ils étaient les auteurs de cette fameuse musique de pub. Le concert de ce soir là m'a permis de rencontrer d'avantage Guillaume. Nous dormions tous dans un dortoir géant, avec tous les autres groupes. Le lendemain matin, je savais que je devais prendre un TER lent vers 14h et cette idée de me disait rien. Les Go Go Charlton, eux, partaient plus tôt et avaient une place dans leur bus. Je partais avec eux. Le hasard voulait que Nicolas du Pop In, deux semaines auparavant, m'avait proposé d'animer quelques open mics avec Guillaume Léglise au mois de décembre. Et justement, ce dimanche là allait être le premier. Guillaume l'animait depuis 2004, souvent avec Yaya, et ce dernier était épuisé de ce rendez vous dominical. Je tentais l'expérience pour décembre. Nous avons donc commencé à animer ensemble, Guillaume et moi, cette soirée, depuis fin 2008. De là, nous avons sympathisé, parlé de notre gout commun pour Talk Talk et David Sylvian, puis nous nous sommes proposés l'un à l'autre un accompagnement mutuel pour nos projets. Il cherchait un batteur, je lui proposais mes services. Je cherchais un clavieriste, je l'invitais à rejoindre ALB avec qui je projetais de me faire accompagner sur scène lors de mes concerts. Ensemble, nous avons découvert Cléa Vincent lors d'un open mic du Pop In. Guillaume lui proposait la place de clavieriste dans My Broken Frame, je lui proposais le stylo pour co écrire quelques chansons. De là, nous avons beaucoup joué en concert avec My Broken Frame, et je peux dire que Guillaume m'a remis le pied à la batterie et je l'en remercie. A force de mixer ensemble le dimanche soir à la fin des open mics, nous avons monté un duo de Djs, "Ritaly Disco", avons mixé çà et là, de bars en soirées, de fêtes en mariages. Nous avons aussi figuré ensemble dans des films. De là, Guillaume a ajouté une corde à son arc de part sa plastique séduisante et son élégance, multipliant les apparitions dans des productions cinématographiques. Il était musicien, dj, producteur et soudain silhouette, parfois mannequin. Guillaume est un caméléon. Passionné de mode autant que de musique, de belles voitures ou d'ordinateurs, il eut cette période étonnante vers 2010 où j'avais du mal à le suivre. Clavieriste pour Aymé,puis guitariste/clavieriste pour The Big Crunch Therory,  puis producteur, puis Dj, puis modèle, puis graphiste, Guillaume devenait un électron libre. Il se mit à enregistrer un album copieux pour My Broken Frame, dans lequel je joue de la batterie, et qui doit sortir sous peu. A cette même époque, il mettait un pied dans le théâtre avec son camarade Nicolas Kerzenbaum comme pianiste et compositeur. Guillaume m'invita à remplacer son guitariste/bassiste, et enchaina les projets avec Nicolas. 
Nous continuions les concerts ensemble jusqu'à ce que je reprenne le seul en scène, ce que Guillaume tenta aussi, avant de remonter My Broken Frame en duo. Je demandais alors à Guillaume de s'occuper d'un ou deux mastering pour moi ou pour Cocktail Bananas, et naturellement, Guillaume, en gourmand curieux qu'il est, avait appris à faire un peu de mastering aussi, en cas. 
Je demandais alors à Guillaume de s'occuper de mon site internet car je me doutais qu'il saurait le faire. Et il savait le faire. Bien sûr. 
En 2013, passionné par la production et le mixage, je songeais à Guillaume pour mixer le disque "fais moi mal, Boris", de Carmen Maria Vega, que j'allais réaliser quelques semaines plus tard. Et il le mixa avec brio. Je recommandais alors chaudement Guillaume comme mixeur à Gael Etienne, qui était en train de réaliser l'album de Victorine. Je crois d'ailleurs que le mixage de cet album est en ce moment même sur le point d'être terminé. 
Le sourire de Guillaume Léglise et son appétit de rencontres en fait un compagnon d'aventures idéal. Toujours partant, optimiste et discret, Guillaume n'est pas seulement le "toujours élégant Guillaume Léglise"comme le décrivait un journaliste en parlant des soirées au Pop In, mais aussi le "toujours content Guillaume Léglise". Bien sûr, comme beaucoup de mes amis, j'imite très souvent Guillaume et son accent breton chanté par son incroyable "hheeeeuuuu"et je crois pouvoir prétendre que cette imitation l'a souvent faite rire, nous dévoilant ainsi cette dentition Woulzy qui réconcilierait bien des peuples en guerre. 
Très récemment, Mathias Malzieu cherchait à enregistrer des voix pour ses lectures, et Guillaume, classieux, de rétorquer son fameux "hhheeeeeeuuuu, je peux amener du matériel, hhheeeeeuuu, ouais, ca m'interesse". Qu'est ce qui n'interesse pas Guillaume Léglise? 
Pour l'enregistrement de "Ballads", Guillaume Léglise était d'office dans mes petites papiers. Il joue de l'orgue et du wurlitzer sur la plupart des titres. 
Je vous recommande la totalité de ce que fait Guillaume Léglise, que ce soit son projet My Broken Frame, ou tout ce que ce touche à tout touche. Avec élégance.

mercredi 30 juillet 2014

PORTRAIT "BALLADS": ANIMAU/VALERIE HERNANDEZ


J'ai rencontré Valérie Hernandez en 2004 à Bordeaux lors d'un concert. Je ne sais plus du tout lequel. A cette époque, j'étais organiste de Samba Wallace, le groupe d'Henry Caraguel, et nous cherchions une première partie pour un de nos concerts. Valérie chantait dans un duo avec une amie à elle, Nejma. Quelque chose de punk et d'oriental à la fois: Sporange. Les deux filles chantaient accompagnées d'une seule guitare. Auparavant, Mélanie Valera, future Tender Forever, m'avait parlé d'une fille avec qui elle correspondait aux USA et qui faisait de la musique là bas. J'ai compris récemment qu'il s'agissait de Valérie, qui, pour moi, habitait Bordeaux, mais qui, quelques mois auparavant, été partie vivre aux Etats Unis quelques temps. Les deux amies sont devenues complices et lorsque Mélanie se lança en solo sous le nom de Tender Forever, Valérie avait aussi son seule en scène sous le nom de Squeeze Me I Squeak. Les deux amies jouaient beaucoup ensemble. Ainsi, je les ai beaucoup croisées, l'une et l'autre, entre le retour de Valérie d'Olympia, et le départ de Mélanie pour cette même ville américaine. Elles jouaient toutes les deux une sorte de RnB Lofi avec beaucoup de voix. Squeeze Me I Squeak, particulièrement, était très axé sur les voix. Valérie ne se contentait pas seulement de chanter et d'écrire, elle organisait aussi des soirées. Ainsi, en 2005 elle m'invitait à ouvrir pour un groupe dont elle organisait le concert. Plus tard, elle rejoignait le collectif Iceberg. Puis elle organisait toujours d'autres soirées, d'autres concerts, qui, parfois, étaient accueillis à l'Assonet, la salle de répétitions et concerts que nous avions, avec mes amis de Bordeaux. Nous nous sommes retrouvés, Squeeze Me I Squeak et moi, sur des compilations, sans pour autant discuter plus que ça. Timidité, peut être. Ou réserve. Car Valérie est réservée. Ainsi, l'image intrigante de son projet Squeeze Me I Squeak était uniquement servie par un logo représentant un lapin tigre. Difficile d'en savoir plus. Squeeze Me I Squeak ne faisait aucune promotion, ne communiquait quasi pas sur ses actualités. Pourtant, je me souviens qu'à Bordeaux, tout le monde savait très bien qui était Valérie/Squeeze Me. Mais la discrétion allait de paire avec Squeeze Me. Nous l'appelions même "la petite Squeeze Me". 
Pour illustrer son portrait aujourd'hui, j'ai même décidé de ne pas proposer de photo mais bel et bien son ancien logo. Car je sais qu'elle n'aime pas les portraits. 
Un matin de 2008, alors que je m'apprêtais à emballer mon dernier carton avant mon départ pour vivre à Paris, je croisais Valérie par hasard dans la rue du Parlement Saint Pierre à Bordeaux. Elle fut ainsi la première personne à qui j'annonçais que je quittais la ville, à l'exception de Cocktail Bananas et mon label de l'époque et, je crois, PacoVolume. Annoncer que je partais vivre à Paris était assez lourd de sens pour moi, et pourtant Valérie m'y encouragea. Je me souviens très bien de ce moment. 
Quelques années plus loin, j'entendais parler parfois de Valérie. Je savais qu'elle était choriste de Milos Unpluged et appris plus tard qu'elle avait monté un atelier de reliure de livres anciens. Elle était devenue artisan. Son atelier s'était transmis de femme en femme depuis des années.
Nous nous sommes recroisés en 2012 alors que j'étais en résidence pour le spectacle "Play". Là, nous sommes devenus bien plus proches et bien plus intimes. 
Nous avons fait un livre à un seul exemplaire, ensemble, elle comme relieuse et moi comme dessinateur, pour une des mes expositions autour de Christian, mon personnage volatile taciturne. Je découvrais que Valérie n'était pas seulement chanteuse, musicienne, mais aussi douée en façonnage de cartons et de papiers. Bricolo tatoo suffragette.
Lors de l'année 2013, je décidais de publier 52 singles et proposais à Valérie d'écrire quelques une des paroles, et aussi de chanter. Il y'eut une chanson de reggae "lady at the door", puis une de samba pop "mini samba", et aussi un métal en espagnol "death". Ravi de cette expérience, je proposais à Valérie d'écrire deux textes de plus pour "Ballads" ainsi que de chanter en choriste mais aussi en lead dans ce même album. Valérie écrit vite ses textes et sait les faire danser. J'aime beaucoup les mots qu'elle utilise et la rapidité avec laquelle elle les choisit. 
Dans "Ballads", elle chante "Soldiers of Creation" et "Ice Gold" sous le nom d'Animau, qui semble être son nouveau pseudonyme de chanteuse, après Squeeze Me I Squeak, même si Valérie n'aime pas trop fixer les choses. Ainsi, je ne sais pas ce qu'est Animau par rapport à Squeeze Me I Squeak et je pense qu'il va m'être difficile d'en percer le mystère. Valérie a écrit deux textes dans "Ballads". Tout d'abord "Ice Gold" qu'elle chante également, mais aussi "Ballads", la chanson titre du disque, qui est une ballade qu piano que je chante. Elle a aussi chanté des choeurs un peu partout dans l'enregistrement.
Je vous recommande bien sûr de vous intéresser à ce que propose Valérie en général. Elle a récemment chanté aux Trois Baudets, une reprise de Slade, invitée par Cléa Vincent et accompagnée par Raphael Thyss, Batist, Raphael Leger et Laurent Saligaud, mais elle peut tout aussi bien faire d'autres choses dans les prochains mois. C'est une instinctive discrète et mystérieuse aux faux airs de Kate Bush, difficile à suivre. Peut être qu'en cherchant du coté de la reliure de livre, ou bien de Squeeze Me I Squeak, Animau, ou des soirées qu'elle organisa, des années avant tout le monde, autour du burlesque, on peut retrouver Valérie Hernandez. Electron libre, punkette rétro et touche à tout, elle est dans le coin, plus ou moins, ne s'affiche que peu et se cache dans son terrier. 

samedi 26 juillet 2014

PORTRAIT "BALLADS": REMI FOUCARD

La première fois que j'ai vu Rémi Foucard, c'était sur une scène, celle du Pop In, un dimanche soir, lors des open mics que nous animons, Guillaume Léglise et moi. Rémi jouait du clavier et accompagnait sa soeur Guillemette. Puis j'ai vu Rémi jouer de la guitare, puis du theremin, puis chanter d'une façon aigue et lyrique, avec ou sans sa soeur. Puis je l'ai vu jouer du violon. Nous nous sommes rapprochés en accompagnant Victorine. Rémi m'étonnait par son oreille absolue. Puis nous avons fait toutes sortes de dates de Victorine ensemble, souvent il jouait du clavier. En 2013, j'eus besoin d'un organiste virtuose pour accomplir rapidement quelque chose de complexe. En effet, je réalisais le 8 titres de Carmen Maria Vega qui chante Boris Vian, et une des chansons me semblait intéressante à enregistrer en live total. Il manquait donc un musicien. Il s'agissait de "quand j'aurai du vent dans mon crâne". La version de Reggiani était excellente et mon idée était d'en faire une version identique mais minimale, dans lequel l'organiste jouerait une synthèse de tout ce que les arrangements de la version Reggiani proposent. Ainsi, Rémi joua presque sans répéter une multiple partie d'orgue, quand j'étais à la batterie et Carmen au micro. Puis il joua un peu de violon et plaça quelques choeurs dont il a le secret. 
Rémi fut aussi appelé par Clément Daquin pour des choeurs pour ALB, suite à l'enregistrement de "Ballads", puis aussi par La Grande Sophie, il joue sur le premier album de Victorine et vient de terminer une tournée comme clavieriste de Yan Wagner. Il est tellement doué en tant que pianiste qu'il peut se permettre de jouer des arpèges de clavier techno pour de vrai, sans enclencher la touche "argepiator". C'est un petit plus dont on ne se rend pas compte à tous les coups si on ne regarde pas de près les claviers de Wagner, mais j'aime savoir ce détail. 
Rémi a aussi enregistré des violons sur une des mes chansons "ride the ocean waves" en écrivant avec moi l'arrangement. Et j'en étais ravi. J'en parlais à Guillaume Léglise qui lui demanda des parties de cordes pour l'album de My Broken Frame. 
Les chansons que j'ai pu entendre de Rémi Foucard étaient extra terrestres. Il lui est arrivé d'en jouer aux open mics du Pop In et j'ai hâte d'en entendre d'autres tant j'avais aimé.
Je souhaitais que Rémi joue dans "ballads". Je ne savais pas de quoi, mais je le souhaitais. Il joue tous les violons, un orgue et quelques choeurs. 


jeudi 10 juillet 2014

PORTRAIT "BALLADS": MATHIAS MALZIEU

Mathias est le musicien de l'enregistrement de "Ballads" que je connais depuis le plus longtemps. Nous avons fait connaissance à un de ses concerts en 1998. A l'époque, certains me disaient avoir vu un mec complètement fou en concert avec qui je m'entendrais bien. Certains me disaient même avoir vu une ressemblance physique entre nous deux. Intrigué, j'allais voir Dionysos en concert et me pris une monstrueuse baffe. Aujourd'hui encore, Dionysos fait partie des meilleurs groupes que j'ai pu voir sur scène. Je les ai d'ailleurs vus une trentaine de fois en concert depuis. Si c'est pas plus. Ils sortaient à ce moment là leur deuxième album et j'écoutais en boucle ce disque par la suite. Le soir du concert, je ne connaissais pas encore leur musique. J'ai croisé Mathias aux wcs du club bordelais. Nous nous sommes regardés, et avons eu un flash immédiat. Nous étions probablement de la même famille. De son coté, il était en tournée avec Dionysos, et quelques mois auparavant, sur la route, à Strasbourg, un disquaire lui avait recommandé un de mes 45 tours, le "Pascal Sevran EP" que j'avais sorti en 1995 sur un label marseillais. L'indie pop de l'époque, en France, était moins fournie qu'aujourd'hui. Peu de disques sortaient par rapport à maintenant. Ainsi, Mathias avait découvert mes chansons hip hop et grunge de l'époque. Nous avons discuté quelques secondes avant qu'il monte sur scène. Surprise, ce soir là le groupe improvisa un riff d'une de mes chansons hip hop. J'étais ému. Puis s'en sont suivies des courriers entre Mathias et moi. Nous nous écrivions des lettres manuscrites. Ca aussi, c'est difficile à imaginer à notre époque, avec internet. Et puis on s'envoyait aussi nos disques respectifs. On se passait quelques coups de fil, aussi, et parlions des cloisons étouffantes qu'il y'avait entre plusieurs genres musicaux, mais aussi entre les labels indépendants snobs et les majors méprisantes. Chacun leur tour se tournant le dos, et à quel point nous trouvions cela idiot. Chaque coup de fil de Mathias, lui à Valence, moi à Bordeaux, me redonnait de l'espoir. Car, dans les années 90, on s'emmerdait un peu, tout de même. 
Et puis il y' eut ce jour où je reçus un tapuscrit. Mathias écrivait des nouvelles. Ca, c'était sacrément étonnant d'éclectisme. La narration était drôle, légère et touchante. Enfantine aussi. Le rapport à l'enfance m'a tout de suite plu. J'adorais ses nouvelles, que j'ai, quelque part, chez moi, avec plein de bidules. Elles me rassuraient, aussi, car je venais de m'intéresser de façon plus approfondie aux instruments jouets. Le rapport à l'enfance devint un de nos sujets de discussions favori. Puis je reçus ensuite des courts métrages au Super 8 dans ma boite aux lettres. Mathias avaient des envies de cinéma. Ca aussi, ça me rassurait, et me motivait. Mathias n'avait aucune limite. Bien sûr, ses partenaires étaient inquiets "il vaut mieux faire une seule activité à la fois". Mais Mathias ne pliait jamais. Quand je m'inquiétais pour lui et ses projets fantasques, il me répétait tout le temps: "on verra, on sait pas, faut essayer". Et je repartais plein d'optimisme. Je publiais des disques, lui aussi, et nous parlions de musique. Puis un jour, il réalisait un clip pour une de mes chansons. "Hard Day", sur mon double album "Radio Dub" de 1998. Des années plus tard, un ami me proposait d'intégrer ce clip dans un site internet. Et la vidéo fut perdue. Je ne m'en remets toujours pas. En l'an 2000, Mathias m'invitait à jouer à Valence, en première partie de Dionysos. Il était en fauteuil roulant. Il était tombé, lors d'un concert, mais avait refusé d'annuler la tournée. Il jouait donc en fauteuil. Je pris une immense leçon de Rock N Roll. Je fus ce soir là signé chez un label un peu plus conséquent que d'habitude, et sortis "The Hard Rock", mon album le plus rock, quelques mois plus tard. Mathias parlait de moi dans la région, et je pense que ça avait motivé ce label là, qui était une licence Wagram. Mais des mois après la sortie du disque, mon contrat fut rendu, comme cela arrive parfois. J'avais alors décidé de jouer dans la rue, en montant un street band qui serait bientôt Cocktail Bananas, avec mes amis. Beaucoup de gens voyait cela d'un mauvais oeil, mais Mathias, lui, comme d'habitude, était enthousiaste. Il me proposa alors de jouer le rôle d'un musicien de rue dans un court métrage. Il venait de sortir son premier livre, mais ses talents de réalisateurs de film faisaient encore douter sa maison de disques. Donc, je n'ai pas joué de banjo dans ce court métrage. Mais Mathias eut envie que je joue en première partie de Dionysos. De mon coté, je suivais sa discographie et j'étais épaté du virage country que le groupe prenait. L'acoustique et l'électrique étaient sans cesse mélangés, et Dionysos passait de plus en plus à la radio. Voir cet exemple de pop farfelue et hors norme s'incruster dans ma télé ou sur la bande FM me donnait une énergie formidable. Mathias avait donc la tête dure. Il ne reculait jamais. Il avait forcé les portes des maisons de disques, puis des maisons d'édition, puis des radios, puis des télés. C'était incroyable. Peu d'années avant Herman Dune, Dionysos avait donc cassé une cloison qui séparait l'indie ricaine et la France FM. Et ce n'était pas la dernière.  A cette époque, Mathias était tout le temps sur la route. De mon coté, j'étais tout le temps à jouer dans la rue, et aussi de plus en plus sur la route avec Cocktail Bananas. Puis nous avons eu des soucis. Puis nous nous sommes retrouvés en 2005, quand le 2.0 a rapproché les gens qui voyageaient beaucoup. Il y'avait du neuf dans nos vies, et nous avions toujours autant envie de faire ce qu'il ne fallait pas faire. Entre 2005 et 2011, j'ai ouvert des tonnes de fois pour Dionysos. J'ai remixé un de leurs titres, j'ai dansé dans deux clips, ai accompagné Mathias pour les lectures de ces livres, en France, au Quebec, en tant que pianiste, banjoiste, ou omnichordiste. A cette époque, je découvrais ses romans, épaté, impréssionné. Très ému aussi par "maintenant..", ce livre impressionnant de tendresse et de peine. De sincérité et de générosité aussi. Mathias rime très bien avec ce terme là. Il n'est pas difficile, au premier regard de se rendre compte de la générosité sans fin du bonhomme. Sur scène, c'est évident. Mais dans la vie également. Une journée ne suffit jamais à cet hyper actif. Il lui est impossible de ne pas essayer de nouvelles choses. Et j'apprenais alors que Mathias avait trouvé un producteur, Luc Besson, pour le suivre dans un projet épuisant et titanesque de film d'animation. Je tournais avec Dionysos et je voyais la masse de travail que Mathias fournissais. Il jouait en concert ( et quels concerts ), rentrait dans sa chambre, écrivait un nouveau livre, et le lendemain retournait au studio d'animation pour réaliser son film. Il trouvait le temps de faire de la promotion d'écrire des chansons pour d'autres, de réaliser des disques, de produire des clips, d'organiser des expositions, de mettre en place les siennes, celles de ses photos au lomo, puis allait à des concerts. Le tout en ayant totalement oublié qu'il avait vendu des tonnes de disques, de livres, et qu'il avait donc une sacré célébrité. Qu'importe, il venait taper le solo d'harmonica à n'importe quelle occasion, se faisant emmerder au passage pas des gens qui voulaient soit une signature, soit une dispute, et tout ça, avec le sourire. Je suis toujours resté ébahi quant à cette énergie de monstre. Tiens, j'oubliais presque, Mathias a réalisé un de mes clips l'an dernier. Et puis il a joué dans une de mes vidéos. Et nous venons d'enregistrer du spoken word ensemble avec ses textes. Tout ceci serait trop long à raconter. Les projets, les envies, en discontinu, le visage tout le temps émerveillé de Mathias lorsqu'il entend un steel guitar, ou lorsqu'il trouve une machine des années 40 dans un magasin. Mathias est un enfant. Pour ses 40 ans, je me faisais la réflexion suivante: comment fait il pour rester autant énergique? Rien ne semble l'affecter. Ou alors, ça ne dure pas. Mathias a toujours 8 ans et demi. Quand je lui ai parlé de mon projet de "Ballads", il était tellement motivé qu'il a insufflé encore un peu plus d'énergie à cette unique journée d'enregistrement magique au studio CBE. Mathias, c'est ça: une pile électrique qui pétarade en permanence. De la nitroglycérine rouquine. Je n'arrive bien sûr jamais vraiment à saisir ses projets quand il les monte, mais suis toujours sur le cul quand il y arrive. Un funambule. D'ailleurs, en général, je fais exprès d'être à moitié concentré pour garder de la surprise. "Tu vas créer un chocolat qui accompagne ton livre? Ah! Très bien! Tu as rencontré un chocolatier et vous allez créer ensemble une saveur? Ok. Formidable". "Ce soir, je joue du piano avec toi, mais une femme arrive sur un fil pour faire un strip tease à l'envers et se transformer en oiseau géant, juste dans mon dos? Oui, formidable! Mais mon Do# semble cassé. Tu trouve ça super? Tu trouves que ça sonne de façon étrange. Et donc tu veux que je joue cette note là. Ok. Oui. Je vois". Le rapport à l'accident et à l'erreur et une des constantes de ce que fait Mathias. Je dis "FAIT", car je ne sais plus comment appeler son métier. Il a cassé tant de codes. Et j'en suis tellement ravi. La plupart du temps, quand on m'emmerde avec des protocoles, je cite Mathias. Il est mon Joker. Le truc qui ferme le clapet des pisses froids du métier. "Ha bon? On ne PEUT PAS faire ça? C'est marrant, j'ai déjà entendu quelqu'un dire ça à Mathias à propos d'un de ses projets. Il l'a fait quand même. Et avec succès.". Et comme dit Mathias: "Il n'y a pas de règles". Lorsque j'ai eu envie d'enregistrer "Ballads", j'ai pensé que la liste des titres à enregistrer contenait trop de mes anciennes chansons. Certes, je voulais en restaurer quelques unes, et des ballades, qui plus est. Mais le fait d'enregistrer 5 anciennes chansons, deux nouvelles, et une réécrite, me posait un souci. Et comme souvent, j'entendis Mathias dans ma tête "Y'a pas de règles". Puis je regardais mon budget. J'avais de quoi faire une seule journée de studio. Ce qui est très peu pour un album. Puis j'entendis Mathias dans ma tête: "Y'a pas de règles". Puis je dressais la liste des musiciens à qui je pensais pour m'accompagner. Ils étaient trop nombreux. "Y'a pas de règles". Ils étaient presque tous solistes ou leaders de groupes. "Y'a pas de règles". Je n'avais aucune chanson entrainante pour la radio. "Y'a pas de règles". Je devais sortir un triple album en 2013 suivi d'un disque de cover au printemps 2014, ca faisait un peu beaucoup. "Y'a pas de règles". Depuis des années, n'ayant pas le tempérament de feu que peut avoir Mathias, étant sujet à des passages de dépression intense et de doutes improductifs, j'ai tout de même un médicament: Dans ma tête vit Mathias. Il est là pour veiller aux grains. Il me réprimande à chaque fois que j'ai le trac. Il casse des murs au travers desquels je passe tranquilou derrière. Il est bienveillant. Ils sont quelques uns, dans ma tête. Mais Mathias s'occupe du moral des troupes. Stephan, de Dionysos, me dit souvent : "Ca allait pas. J'ai appelé Mathias, et me voila regonflé à bloc". Dans "Ballads", Mathias joue de l'harmonica. Mais aussi de l'énergie. De façon invisible, et avec sa bonne humeur. Je lui dois des tas de rencontres, dont récemment Carmen Maria Vega. Et nous devons beaucoup, d'une façon générale, en tant que musiciens français, à Mathias. Il est de la génération rock des années 90. C'est à dire quelqu'un qui a ouvert des portes, comme ont pu le faire Katerine, Dominique A, Sloy et quelques autres. Et il en ouvre toujours plus. Bientôt, ses prochains projets vont encore casser des cloisons. Même si je ne vous dis pas tout, pour garder du mystère. Mais les livres de Mathias, ses disques, son film magnifique, ses chocolats, ses photos, je vous recommande tout ce que fait Mathias. En plus, il fabrique des ponts pour aller des uns aux autres de ses projets. Si bien qu'il est stimulant de récréer le puzzle géant qu'il fait ça et là, entre toutes ses réalisations. A vous de vous amuser. C'est ce qui lui fera le plus plaisir. Qu'on se marre.

mercredi 9 juillet 2014

PORTRAIT "BALLADS": PAULETTE WRIGHT

En 2012, alors que je m'apprêtais à accompagner Victorine en tant que batteur, Ava Carrere en tant que guitariste, et Seb Adam en tant que percussionniste, à Reims, L'Ecluse, pour une soirée de concerts,  je rencontrais par hasard Paulette Wright. Elle était venue pour, elle aussi, taper sur quelques percussions avec Seb Adam. J'ai apprécié son tempo, en live. Puis nous avons joué avec Victorine, et Paulette dansait, comme elle le fait souvent. Je venais de publier quelques mois auparavant "Radio Lee Doo" et je cherchais toutes sortes d'idées pour des clips artisanaux, réalisés rapidement à l'Ipad, technique que je mettais en place pour commencer à filmer toutes sortes de choses pour mon projet "Dreamarama" et ses 52 clips. Il me fallait trouver des idées rapidement, essayer des choses, dans tous les sens. Cet après midi là, Paulette s'est même retrouvée par hasard dans un petit sketch vidéo que je tournais avec Victorine et les musiciens. En voyant danser Paulette, plus tard dans la soirée, je remarquais que ses danses feraient un bon contenu, en plan séquence, pour un clip d'une de mes chansons de "Radio Lee Doo", "Uptown". Je proposais alors à Paulette de danser et elle acceptait tout de suite, alors qu'on ne se connaissait pas. J'ai eu beaucoup de mal à monter la chanson sur la musique, alors que c'était un plan fixe. Du coup, durant ce temps long, Paulette me fit écouter ses chansons. J'ai immédiatement pris une immense claque. Sa voix, ses textes, son onirisme, sa musicalité, m'ont totalement happé. Elle m'expliquait qu'elle jouait également du violoncelle, en plus de la guitare, du piano, du ukulele. Elle produisait ses musiques avec son ordinateur et était aussi comédienne de théâtre. Nous avons gardé contact et j'ai publié deux singles de Paulette sur mon label, pendant que Victorine et moi avons tenté de faire un peu de promo et de booking pour elle, tant que faire se peut. Seb Adam me racontait que Paulette jouait tout le temps à Reims, et qu'elle était toujours partante. Je lui ai demandé de venir jouer sur un disque, un jour. Elle me répondit "oui". Et en juillet 2013, nous entrions en studio chez CBE avec le reste des musiciens, pour l'enregistrement de "Ballads". Paulette joue de la guitare folk sur deux chansons, chante et joue des percussions sur d'autres. Je vous recommande les singles solo de Paulette, mais aussi ce qu'elle fait avec d'autres formations, parfois plus dub. Je ne l'ai pas encore vue jouer la comédie, mais c'est dans mes projets. Tout comme celui de refaire de la musique avec elle un jour. 



PORTRAIT "BALLADS": SOFIA BOLT

C'est une fois de plus lors des open mics du Pop In que nous animons, Guillaume Léglise et moi même chaque dimanche, que j'ai découvert Sofia Bolt. Je ne savais pas si il s'agissait d'un groupe ou d'une chanteuse. Peut être était ce un peu des deux à cette époque là. Nous étions en 2010 et la voix de Amélie Sofia Bolt m'a tout de suite charmé, ainsi que son jeu de guitare sec et aiguisé. Ses chansons m'ont rappelé Earwig, un groupe du début des 90's. J'ai invité Sofia Bolt à se mélanger à ALB en 2011, lors de soirées que je programmais et animais alors à l'International, les "PartHouse", dans lesquels j'obligeais deux formations à se mélanger sur des covers ou des improvisations. Puis Sofia Bolt m'a engagé comme batteur, peut être parce que je l'ai un peu réclamé, car j'étais fan de cette musique sensuelle et sombre, teintée de passages lumineux et énergiques. J'ai joué en concert avec Sofia Bolt tout un tas de fois et j'ai toujours aimé les constructions et mises en places des chansons. J'ai aussi demandé à Sofia Bolt de jouer de la guitare pour moi en concert, mais n'ai pas encore trouvé le bon engagement pour qu'elle puisse m'accompagner. Le projet est toujours dans ma ma tête, car, en plus d'avoir une superbe voix, elle a un jeu de guitare percutant et sec que j'adore. Le premier maxi de Sofia Bolt est sorti sur mon label, Mk Label. Puis nous sommes entrés en studio il y'a peu pour de nouveaux enregistrements en quintet. La session a été partagée de façon mutualiste avec l'enregistrement de l'album de Batist à CBE, le même jour. Je ne sais pas ce que Sofia Bolt fera de ces enregistrements. Ils ont été mixés par Guillaume Léglise. 
Je souhaitais que Sofia Bolt joue la guitare électrique dans "Ballads", ce qu'elle a fait dans 5 chansons sur 8. C'est elle qui le son sec et reverbéré à la guitare Silvertone. 
Je vous recommande la totalité de ses productions.

PORTRAIT "BALLADS": JAN GHAZI

C'est tout d'abord sur un disque de Mathieu Boogaerts que j'ai lu pour la première fois le nom de Jan Ghazi. Ou peut être sur un disque de chez Source. Peut être même ai je entendu parler de lui à propos de la compilation Source Rock, qui, d'après moi, annonçait tout simplement en 1998 ce que la France allait dessiner comme matière musicale pop dans les années 2000. Ou peut être ai je entendu parler de lui à propos de Phoenix qui publiait un titre pour la première fois sur cette même compilation. A moins que ce soit à propos de la chanteuse Camille, dont j'admirais le virage vocal. A moins que ce soit à propos de son jeu de pedal steel et steel guitar, dont peu de gens savent jouer en France. A moins que ce nom là soit revenu plusieurs fois, des balbutiements de la french touch aux disques de Mathieu Boogaerts ou Camille. Le nom résonnait tant que je me suis mis rapidement à chercher à joindre ce personnage intrigant qui semblait avoir une oreille érudite et spontanée. Un précurseur, un découvreur. Le bonhomme était difficile à trouver, difficile à joindre et semblait être un électron libre parisien. J'habitais Bordeaux, et je sentais à des centaines de kilomètres de là comme une complicité entre Ghazi et le producteur Stéphane ALF Briat , dont j'admirais les réalisations. De si loin, ces personnages là avaient l'air d'avoir du goût mais aussi une vision globale, avec un pied dans l'héritage et l'autre dans l'avenir. De l'humour aussi, et du détachement. Je passais parfois par Paris pour faire écouter des nouvelles chansons. Le nom de Jan Ghazi revenait souvent. Je n'ai pas réussi à le rencontrer. Mon envie était difficile à décrire. J'avais surtout envie de discuter avec lui. Ce qui est délicat quand on est musicien, car chaque main tendue peut être interprétée comme une candidature. Dans mon cas, en autonome revendiqué parfois au prix d'un amalgame injustifié avec du sectarisme, je préférais mettre en avant que je n'avais pas besoin de tant de partenaires que ça, et que, souvent, ce qui me motivait, dans le secteur musical, c'est la rencontre pour la rencontre. J'aime par exemple fréquenter des musiciens, mais j'en appelle assez rarement pour mes enregistrements. Lorsqu'il s'agit de producteurs, réalisateurs, éditeurs, ou directeurs artistiques, il est délicat de leurs faire comprendre que j'aimerais m'entretenir avec eux, sans savoir vraiment pourquoi, sans projet. Ainsi, j'ai envoyé des tonnes de disques à Jan, avec mes chansons dedans. Puis j'ai pris mon téléphone, et me suis retrouvé une ou deux fois face à un caractère soupe au lait, ce qui est parfois difficile à recevoir. Quelques années plus tard, c'est grâce à mon ami Paul, du groupe Moon, que je pouvais enfin avoir une conversation avec Jan. Ayant moi aussi un caractère parfois soupe au lait, je restais à l'écoute de ce que ce directeur artistique de talent avait à me dire, au sujet de chansons que j'avais à proposer pour une des interprètes de son catalogue. Et je dois dire que le lexique, les perceptions et la direction artistique de Jan m'ont convaincu. En général, j'ai beaucoup de mal avec les gens qui occupent ce poste. Principalement parce que je ne tombe jamais d'accord avec eux. Mais dans le cas de Ghazi, les arguments étaient fondés et passionnants. La chanteuse Luce, pour qui il cherchait des chansons, a finalement chanté une chanson de Cléa Vincent et moi. Puis Jan a souhaité signer Cléa. De fils en aiguilles, nous nous sommes croisés un paquet de fois, y compris en studio. Je découvrais en même temps Mustang, Don Cavalli, dont Jan était le directeur artistique. Je découvrais aussi que nous n'avions pas que le caractère taciturne en commun mais aussi un bavardage assez important sur la musique, et les discussions que j'ai pu avoir avec Jan sont parmi les plus passionnantes que j'ai pu avoir avec un mélomane. Nous parlions de toutes sortes de chanteurs, musiciens, de Los Angeles, de La Femme, de Mathieu Boogaerts. Je sentis une telle oreille que j'eus très vite envie de lui faire écouter Baptiste W Hamon et Paulette Wright que je venais de découvrir. Puis nous jouâmes ensemble lors de fêtes de la musique ou de jams. Je l'invitais à jouer du steel guitar à mon concert de décembre 2011 pour la sortie de mon album "Radio Lee Doo". Sur ma chanson "Solenn", que nous avons interprétée ensemble avec les musiciens, je me souviens d'une couleur mélancolique et océanique comme rarement j'avais entendue sur ce titre. C'est après ce concert que j' eus envie d'enregistrer un jour un disque qui s'appellerait "Ballads" et dans lequel, mélangés à de nouvelles chansons, je glisserais une version de "Solenn" assez longue avec du pedal steel joué par Jan. Deux ans plus tard, nous rentrions en studio chez CBE, dans le 18e arrondissement de Paris. Jan Ghazi, est, je pense, un des directeurs artistiques actuels les plus intuitifs et érudits de Paris, avec Jean Baptiste Guillot de Born Bad et Victor Peynichou de Midnight Special Record.

mardi 8 juillet 2014

PORTRAIT "BALLADS": HENRI CARAGUEL

Pour l'enregistrement de "Ballads", j'ai donc demandé à des solistes ou des leaders de groupes de m'accompagner. Une idée qui m'est venue depuis mon poste de batteur au sein de l'orchestre de mon amie Victorine, qui, elle même, se fait accompagner par des meneurs de troupes. Une équipe uniquement constituée de capitaines. 
Ainsi, j'ai accompagné presque tous les musiciens qui sont venus à leur tour m'accompagner sur l'enregistrement de "ballads". J'ai joué de la guitare ou de la batterie pour certains, puis, sur "ballads", c'est à eux de jouer ma musique. 
J'ai été batteur ou guitariste pour Cléa Vincent, omnichordiste pour Clément Daquin, mais dans le cas d'Henri Caraguel, c'est différent. Nous avons pour habitude de nous accompagner à tour de rôle, chacun sur le devant de la scène, en jouant à une sorte de ping pong musical. 
J'ai rencontré Henri en 2003, et nous avons intégré ce super musicien à notre groupe Cocktail Bananas, que nous avions monté trois ans auparavant, David Argellies, Hugo Berrouet et moi même. Le groupe avait à cette époque une cadence infernale. Nous jouions tous les jours dans la rue, parfois plusieurs fois, et jouions le soir également en concert, parfois pour plusieurs contrats, dans la région de Bordeaux, en courant d'un lieu à un autre. Nous jouions en acoustique et ainsi nous installions vite, jouions vite et passons à un autre commanditaire à la vitesse de l'éclair. Henri s'est adapté à ce rythme. Il a même aimé cela, même si il m'a souvent confié avoir cru mourir de fatigue à cette période. Notre répertoire était composé de reprises et d'originales,et aucun de nous n'aimions répéter. Ainsi, on apprenait les répertoires vocalement, en voiture. Henri tenait la guitare, ce qui est toujours le cas, et je tenais le banjo, ce qui est moins souvent le cas. Par ailleurs, il écrivait des chansons ambitieuses qu'il offrait à son projet Samba Wallace. Il m'a invité à jouer de l'orgue lors du premier single du groupe, en 2004, que je produisais. Puis, en 2005, Samba Wallace est devenu un duo, puis un quintet, mais sans moi. J'avais pris gout à jouer les chansons d'Henri, et avec Cocktail Bananas, nous jouions déjà les miennes et celles d'Hugo, notre batteur. C'est tout naturellement que Henri s'est mis à jouer les siennes. En 2006 nous avons commencé à devenir le backing band de Paco Volume. Je passais alors aux claviers. Nous avons joué avec lui deux ans, durant lesquels nous tentions d'accompagner des chanteurs. Ainsi avons nous accompagné Mickael Youn autant que Paco Volume ou Panpan Master. Aujourd'hui, Cocktail Bananas continue à être le backing band de plein de gens, mais je n'ai plus le temps d'en être. 
En 2006, cependant, David Argellies, notre contrebassiste, est parti vivre à Paris. Durant cette période, Cocktail Bananas a fonctionné en trio à Bordeaux. Henri et moi avons commencé à jouer de plus en plus au ping pong, passant de cour à jardin, d'un chanteur à l'autre, une chanson sur deux. J'adorais jouer pour Henri puis qu'il joue pour moi. C'était un vrai plaisir. Nous en sommes venus à croiser nos solis de guitare et banjo en questions-réponses, puis, quand nous retrouvions David pour quelques concerts, nous jouions d'autant plus à ce jeu là. L'album que nous avons enregistré à cette époque était composé en majorité par Henri et Hugo. J'avais aussi presque un tiers des chansons. 
En 2008, je suis parti à mon tour à Paris. Cocktail Bananas comptait alors plus de 1500 concerts, et une grand partie avait été joués sous des line up à géométrie variable dans lesquels Henri et moi étions fréquemment là. Nous avons alors tenté de jouer à distance. Mais Henri a monté un autre projet, "Ride on and the Yellows" et conclut l'histoire de Samba Wallace. Au même moment il se fit engager par Les Wackies pour devenir guitariste soprano. Au contraire, avec Cocktail Bananas, Henri jouait souvent de la guitare baryton. Les divers guitares et dérivés l'ont alors passionnés. Il s'est mis à apprendre le steel guitare, la mandoline, le banjoline, le ukulele et a repris en main Cocktail Bananas que David et moi, depuis Paris, avions du mal a motiver. Il est devenu le principal chanteur et auteur du groupe. Je rejoins Cocktail Bananas de temps en temps, souvent pour remplacer Hugo à la batterie. Ride on and the Yellows, ainsi que Les Wackies et Cocktail Bananas ont sorti leurs disques sur mon label, Mk Label. 
Les chansons que je souhaitais enregistrer pour "Ballads"ont parfois été jouées avec l'apport guitaristique d'Henri. Je dois aussi ajouter que j'avais besoin d'un ambassadeur du son Cocktail Bananas et de l'ambiance océanique dans laquelle nous aimons nous mettre, Henri et moi, lorsque nous jouons. Je souhaitais que Henri joue avec des gammes éthiopiennes comme il sait si bien le faire, et aussi avec des phrases oniriques dont il s'est inspiré chez Television. Le rôle de lead guitare était tout tracé, il fallait Henri. Pour lui donner la réplique, je pensais à Batist, mais pas à moi, car je songeais à jouer la batterie. Les autres Cocktail Bananas ne sont pas présents sur "ballads", car je souhaitais un mélange de plusieurs personnes qui se connaissent peu. Un jour j'aimerais réunir le crew bananas, mais pour ce disque, c'est un mélange que je souhaitais. 
Henri est un des guitaristes les plus doués que j'ai pu rencontrer. J'aime énormément jouer de la guitare en duo avec lui. Nous avons quelques dates prévues avec Cocktail Bananas, et j'espère avoir la place de jouer des duos d'improvisation avec lui bientôt. 
Je vous recommande la totalité de ses projets. Les deux derniers albums de Cocktail Bananas sont truffés du jeu et de la plume d'Henri, mais aussi les deux mini Lps des Wackies, l'album tout entier de Ride On and The Yellows et aussi l'unique single de Samba Wallace Trio. A la fois sauvage, garage, psychédélique et élégant, le style d'Henri est délectable. 


PORTRAIT "BALLADS": CLEA VINCENT

J'ai rencontré Cléa Vincent lors des open mics du Pop In que j'anime chaque dimanche soir avec Guillaume Léglise, depuis que Yaya Herman Dune, l'initiateur, m'a passé le micro en 2008. Elle est arrivée un soir de 2009 avec son clavier et a chanté ses chansons. Guillaume et moi l'avons tout de suite adorée. Sa diction particulière, sa voix à la fois puissante et voilée, ses notes très longues ou minuscules, ses syllabes chantées le nez en l'air, ses accords new wave, ses solis de piano jazz où Monk rencontre Petrucciani avec un minimalisme "koln concert", et son groove samba enfantin (Jan Ghazi dit un jour: "sa bossa du Périgord") nous ont charmés. J'avais à ce moment là une place de batteur chez My Broken Frame, le projet de Guillaume Léglise. Et j'avais aussi de coté quelques chansons frenchy auquelles ils me manquaient des notes ou des mots. J'ai demandé à Cléa de tenir le stylo avec moi pour quelques unes de mes chansons, et elle me demanda la même chose en retour. Au même moment, Guillaume l'engageait comme pianiste de My Broken Frame. Nous avons fait tout un tas de concerts ensemble, puis avons écrit ensemble des chansons. La gémélité d'écriture que j'ai senti s'est toujours démontrée depuis, lorsque nous faisons nos ateliers. Si je commence une phrase, Cléa la termine, et inversement. Si elle a un accord, j'ai une mélodie, si je joue un accord, elle a une idée de texte. Quelques unes de nos chansons sont restées dans un tirroir à chansons, car, bavards, nous écrivons peu lors de ces séances, tant nous papotons. Les deux chansons que Clea a son répertoire, et que nous avons co écrites, sont "Happée Coulée" et "Soulevant". La première a également été chantée par Luce, sur son premier album. Quant à la deuxième, il arrive que Cléa la chante avec un peu tous ses projets. Par la suite, j'ai invité Cléa à chanter dans un des mes groupes avatars, ELLES SONT IMPARFAITES, pour la chanson "accessible song". Ensuite, Cléa a enregistré son premier album, sur une longue période, pour Polydor. J'y ai joué de la batterie. Le disque n'est finalement pas sorti. Entre temps, Cléa montait les Coquillages, puis Les Chansons de Ma Tante, un groupe dans lequel je suis batteur, aux cotés de David Argellies et Batist. Nous chantons les chansons de Joyce Giani, ma tante. Et parfois une ou deux de Cléa et moi. Nous avons également monté ensemble le quintet A LA MODE, un groupe instrumental de Jazz Rab avec Raphael Léger, Raphael Thyss et Batist. Dans ce quintet, tout le monde écrit, je joue la guitare et Cléa le piano. Nous jouons aussi en duo dans le métro. Nous avons souvent des projets ensemble, et bientôt d'autres encore pour la rentrée. Cléa est pour moi comme ma frangine de tonalité mineur et de tempo rital. Je n'ai pas besoin d'entendre ce qu'elle joue, je sais que nous sommes branchés sur le même secteur. Ainsi, j'avais très envie qu'elle tienne le piano sur l'enregistrement de "Ballads". Si j'ai joué une chanson seul au piano dans mon nouvel album, Cléa joue tous les autres pianos. Elle joue aussi une ou deux parties de Wurlitzer, impovise beaucoup, et joue du tambourin d'une façon hypnotique sur la toute dernière chanson du disque, "Ice Gold". C'est une toute nouvelle chanson que je n'avais pas finie. Il manquait le texte, qui a été écrit et chanté par la suite par Valérie Hernandez. Ainsi, nous avons improvisé sans chant la prise studio. J'ai demandé aux guitariste de s'exprimer au maximum. Je jouais une partie de batterie répétitive et Cléa jouait du tambourin à coté de moi comme un moine faisant ses prières. Ce genre d'attitude partageuse et télépathe font de Cléa une des personnes les plus agréables avec qui jouer. Comme moi, elle a du mal avec les mises en place programmées, et préfère de loin l'improvisation. "Ballads" est une disque improvisé. Je savais que Cléa serait dans son élément. Plus tard, Henry Caraguel me disait à quel point il aimait jouer avec Cléa pour toutes ces raisons. Depuis, Cléa Vincent a sorti son premier mini album. Son deuxième sort très bientôt chez Midnight Special Records. Un des meilleurs labels du moment. Je vous recommande la totalité des projets de Cléa. En ce moment, elle a monté un trio avec Zaza Fournier et Luciole autour de chansons de types de 1947 à 1967 qui parlent de nanas. Et ca joue tous les soirs de juillet aux Trois Baudets. Allez y. 

lundi 7 juillet 2014

PORTRAIT "BALLADS": CLEMENT DAQUIN

Pour mon nouvel album, "Ballads", qui sera publié le 20 aout prochain, j'ai demandé à Clément Daquin de jouer la basse. Pour cet album, j'avais envie de jouer live, dans un studio, tout l'album en un temps minimum. Aussi, j'avais envie de demander à des musiciens de m'accompagner, et, si possible, uniquement des leaders de groupes ou des solistes. Victorine a ainsi monté son backing band de cette façon. J'en suis la batteur et je trouve la formule de se faire accompagner par des meneurs une possibilité fort enrichissante. A l'heure actuelle, elle ne le sait pas, mais cette idée m'est venue de mon amie et chanteuse Victorine. Ainsi, j'ai commencé à monter un backing band rien que pour cet enregistrement. 
Clément Daquin est un excellent bassiste. C'est aussi le leader de ALB, si tenté que ce soit réellement un groupe. Nous nous sommes rencontrés à Reims, en 2008, et avons tout de suite senti des connivences sur l'aspect le plus geek de la musique pop. Je lui ai proposé de m'accompagner sur scène assez rapidement. ALB fut ainsi mon back band durant quelques concerts, parmi mes plus funky. Puis Yuksek a embauché Clément à peu près au même moment où il m'a demandé du renfort d'écriture pour "Off the wall". Je savais que Clément et moi n'allions pas nous voir d'ici quelques temps. L'idée de me passer de lui me plaisait moyen. En 2011, je lui demandais de mixer mon album "Radio Lee Doo". Puis un peu plus tard, je jouais un peu d'omnichord pour lui. En 2013, j'écrivais aussi une bio pour ALB et la promotion de son deuxième album. Lorsque je lis des chroniques, je vois souvent des phrases que je pense sur Clément, comme le fait qu'il soit sosie de Patrick Dewaere, mais aussi comme le fait qu'il est un musicien surdoué, un mélodiste hors pair, et un songwritter passionnant. 
Je l'ai appelé pour enregistrer "ballads" en juillet 2013 au studio CBE. Je lui expliquais qu'il n y aurait aucune répétition et que nous enregistrerions 7 chansons en tout, plus une que je jouerais en solo, dans l'improvisation totale. J'étais ravi de jouer avec Clément. Son jeu de basse rond et parfois claquant va à merveille à "ballads". Nous nous sommes retrouvés quelques mois après pour l'enregistrement de mon album "Kims X Kim", par hasard dans le studio de ALF. 
Je n'ai pas expliqué à Clément ce qu'il devait jouer. D'ailleurs, je n'entendais pas vraiment sa basse dans mon retour casque. Mais je savais que le résultat me plairait. 
Le nouvel album de ALB est magnifique. Je vous recommande cette merveille geek pop. 
Clément joue toutes les basses de "ballads", et nous tenons donc à nous deux la section rythmique tout du long, puisque je joue les batteries de ce disque. 


samedi 28 juin 2014

KIM "BALLADS" NOUVEL ALBUM 20 aout 2014





KIM: "BALLADS": NOUVEL ALBUM  8 titres: 


Edition album 33 tours vinyle rouge, pochette GAEL ETIENNE.
Edition DG via plateformes. 











Deux faces mais pas d'ordre de préférence pour les écouter. 

Une face dédiée au Pyla, une face dédiée au Canon, deux superbes communes du bassin d'Arcachon. 

*Le Pyla side:

1) David Cicone ( nouvelle version, interprétée et adaptée avec musiciens )
-chorus: Rémi Foucard-

2) Ocean Bird ( nouvelle version, interprétée et adaptée avec musiciens )
-chorus: Jan Ghazi, Henri Caraguel, Batist, Guillaume Léglise-

3) Christmas song ( nouvelle version interprétée et adaptée avec musiciens )
-chorus: Henri Caraguel, Jan Ghazi, Baptiste W  Hamon-

4) Soldiers of Creation ( nouvelle version interprétée et adaptée avec musiciens ) Feat Animau (chant)
-chorus: Mathias Malzieu-

5) Summer in Pyla 2012 ( nouveau texte )
 -chorus: Cléa Vincent, Kim Giani, Jan Ghazi-


*Le Canon Side

1) Ballads ( nouvelle chanson )

2) Solenn ( nouvelle version interprétée, adaptée et improvisée avec musiciens )
-chorus: Henri Caraguel, Batist, Jan Ghazi, Kim Giani, Cléa Vincent-

3) Ice Gold ( nouvelle chanson ) Feat Animau (chant) 
-chorus: Kim Giani, Henri Caraguel, Batist-

 Musiciens: Kim Giani, Cléa Vincent, Clément Daquin (ALB), Henri Caraguel (Cocktail Bananas, Ride On and the Yellows), Batist, Jan Ghazi, Baptiste W Hamon, Animau, Paulette Wright, Rémi Foucard, Mathias Malzieu, Guillemette Foucard, Guillaume Léglise, Sofia Bolt. 

Enregistrements: CBE David Mestre. 5 juillet 2013, prise live.
Mixage et rares ajouts: Mk Lab 2014

Mk Label 2014
Editions: Gimme Shelter et Vicious Square.