mercredi 30 juillet 2014

PORTRAIT "BALLADS": ANIMAU/VALERIE HERNANDEZ


J'ai rencontré Valérie Hernandez en 2004 à Bordeaux lors d'un concert. Je ne sais plus du tout lequel. A cette époque, j'étais organiste de Samba Wallace, le groupe d'Henry Caraguel, et nous cherchions une première partie pour un de nos concerts. Valérie chantait dans un duo avec une amie à elle, Nejma. Quelque chose de punk et d'oriental à la fois: Sporange. Les deux filles chantaient accompagnées d'une seule guitare. Auparavant, Mélanie Valera, future Tender Forever, m'avait parlé d'une fille avec qui elle correspondait aux USA et qui faisait de la musique là bas. J'ai compris récemment qu'il s'agissait de Valérie, qui, pour moi, habitait Bordeaux, mais qui, quelques mois auparavant, été partie vivre aux Etats Unis quelques temps. Les deux amies sont devenues complices et lorsque Mélanie se lança en solo sous le nom de Tender Forever, Valérie avait aussi son seule en scène sous le nom de Squeeze Me I Squeak. Les deux amies jouaient beaucoup ensemble. Ainsi, je les ai beaucoup croisées, l'une et l'autre, entre le retour de Valérie d'Olympia, et le départ de Mélanie pour cette même ville américaine. Elles jouaient toutes les deux une sorte de RnB Lofi avec beaucoup de voix. Squeeze Me I Squeak, particulièrement, était très axé sur les voix. Valérie ne se contentait pas seulement de chanter et d'écrire, elle organisait aussi des soirées. Ainsi, en 2005 elle m'invitait à ouvrir pour un groupe dont elle organisait le concert. Plus tard, elle rejoignait le collectif Iceberg. Puis elle organisait toujours d'autres soirées, d'autres concerts, qui, parfois, étaient accueillis à l'Assonet, la salle de répétitions et concerts que nous avions, avec mes amis de Bordeaux. Nous nous sommes retrouvés, Squeeze Me I Squeak et moi, sur des compilations, sans pour autant discuter plus que ça. Timidité, peut être. Ou réserve. Car Valérie est réservée. Ainsi, l'image intrigante de son projet Squeeze Me I Squeak était uniquement servie par un logo représentant un lapin tigre. Difficile d'en savoir plus. Squeeze Me I Squeak ne faisait aucune promotion, ne communiquait quasi pas sur ses actualités. Pourtant, je me souviens qu'à Bordeaux, tout le monde savait très bien qui était Valérie/Squeeze Me. Mais la discrétion allait de paire avec Squeeze Me. Nous l'appelions même "la petite Squeeze Me". 
Pour illustrer son portrait aujourd'hui, j'ai même décidé de ne pas proposer de photo mais bel et bien son ancien logo. Car je sais qu'elle n'aime pas les portraits. 
Un matin de 2008, alors que je m'apprêtais à emballer mon dernier carton avant mon départ pour vivre à Paris, je croisais Valérie par hasard dans la rue du Parlement Saint Pierre à Bordeaux. Elle fut ainsi la première personne à qui j'annonçais que je quittais la ville, à l'exception de Cocktail Bananas et mon label de l'époque et, je crois, PacoVolume. Annoncer que je partais vivre à Paris était assez lourd de sens pour moi, et pourtant Valérie m'y encouragea. Je me souviens très bien de ce moment. 
Quelques années plus loin, j'entendais parler parfois de Valérie. Je savais qu'elle était choriste de Milos Unpluged et appris plus tard qu'elle avait monté un atelier de reliure de livres anciens. Elle était devenue artisan. Son atelier s'était transmis de femme en femme depuis des années.
Nous nous sommes recroisés en 2012 alors que j'étais en résidence pour le spectacle "Play". Là, nous sommes devenus bien plus proches et bien plus intimes. 
Nous avons fait un livre à un seul exemplaire, ensemble, elle comme relieuse et moi comme dessinateur, pour une des mes expositions autour de Christian, mon personnage volatile taciturne. Je découvrais que Valérie n'était pas seulement chanteuse, musicienne, mais aussi douée en façonnage de cartons et de papiers. Bricolo tatoo suffragette.
Lors de l'année 2013, je décidais de publier 52 singles et proposais à Valérie d'écrire quelques une des paroles, et aussi de chanter. Il y'eut une chanson de reggae "lady at the door", puis une de samba pop "mini samba", et aussi un métal en espagnol "death". Ravi de cette expérience, je proposais à Valérie d'écrire deux textes de plus pour "Ballads" ainsi que de chanter en choriste mais aussi en lead dans ce même album. Valérie écrit vite ses textes et sait les faire danser. J'aime beaucoup les mots qu'elle utilise et la rapidité avec laquelle elle les choisit. 
Dans "Ballads", elle chante "Soldiers of Creation" et "Ice Gold" sous le nom d'Animau, qui semble être son nouveau pseudonyme de chanteuse, après Squeeze Me I Squeak, même si Valérie n'aime pas trop fixer les choses. Ainsi, je ne sais pas ce qu'est Animau par rapport à Squeeze Me I Squeak et je pense qu'il va m'être difficile d'en percer le mystère. Valérie a écrit deux textes dans "Ballads". Tout d'abord "Ice Gold" qu'elle chante également, mais aussi "Ballads", la chanson titre du disque, qui est une ballade qu piano que je chante. Elle a aussi chanté des choeurs un peu partout dans l'enregistrement.
Je vous recommande bien sûr de vous intéresser à ce que propose Valérie en général. Elle a récemment chanté aux Trois Baudets, une reprise de Slade, invitée par Cléa Vincent et accompagnée par Raphael Thyss, Batist, Raphael Leger et Laurent Saligaud, mais elle peut tout aussi bien faire d'autres choses dans les prochains mois. C'est une instinctive discrète et mystérieuse aux faux airs de Kate Bush, difficile à suivre. Peut être qu'en cherchant du coté de la reliure de livre, ou bien de Squeeze Me I Squeak, Animau, ou des soirées qu'elle organisa, des années avant tout le monde, autour du burlesque, on peut retrouver Valérie Hernandez. Electron libre, punkette rétro et touche à tout, elle est dans le coin, plus ou moins, ne s'affiche que peu et se cache dans son terrier. 

samedi 26 juillet 2014

PORTRAIT "BALLADS": REMI FOUCARD

La première fois que j'ai vu Rémi Foucard, c'était sur une scène, celle du Pop In, un dimanche soir, lors des open mics que nous animons, Guillaume Léglise et moi. Rémi jouait du clavier et accompagnait sa soeur Guillemette. Puis j'ai vu Rémi jouer de la guitare, puis du theremin, puis chanter d'une façon aigue et lyrique, avec ou sans sa soeur. Puis je l'ai vu jouer du violon. Nous nous sommes rapprochés en accompagnant Victorine. Rémi m'étonnait par son oreille absolue. Puis nous avons fait toutes sortes de dates de Victorine ensemble, souvent il jouait du clavier. En 2013, j'eus besoin d'un organiste virtuose pour accomplir rapidement quelque chose de complexe. En effet, je réalisais le 8 titres de Carmen Maria Vega qui chante Boris Vian, et une des chansons me semblait intéressante à enregistrer en live total. Il manquait donc un musicien. Il s'agissait de "quand j'aurai du vent dans mon crâne". La version de Reggiani était excellente et mon idée était d'en faire une version identique mais minimale, dans lequel l'organiste jouerait une synthèse de tout ce que les arrangements de la version Reggiani proposent. Ainsi, Rémi joua presque sans répéter une multiple partie d'orgue, quand j'étais à la batterie et Carmen au micro. Puis il joua un peu de violon et plaça quelques choeurs dont il a le secret. 
Rémi fut aussi appelé par Clément Daquin pour des choeurs pour ALB, suite à l'enregistrement de "Ballads", puis aussi par La Grande Sophie, il joue sur le premier album de Victorine et vient de terminer une tournée comme clavieriste de Yan Wagner. Il est tellement doué en tant que pianiste qu'il peut se permettre de jouer des arpèges de clavier techno pour de vrai, sans enclencher la touche "argepiator". C'est un petit plus dont on ne se rend pas compte à tous les coups si on ne regarde pas de près les claviers de Wagner, mais j'aime savoir ce détail. 
Rémi a aussi enregistré des violons sur une des mes chansons "ride the ocean waves" en écrivant avec moi l'arrangement. Et j'en étais ravi. J'en parlais à Guillaume Léglise qui lui demanda des parties de cordes pour l'album de My Broken Frame. 
Les chansons que j'ai pu entendre de Rémi Foucard étaient extra terrestres. Il lui est arrivé d'en jouer aux open mics du Pop In et j'ai hâte d'en entendre d'autres tant j'avais aimé.
Je souhaitais que Rémi joue dans "ballads". Je ne savais pas de quoi, mais je le souhaitais. Il joue tous les violons, un orgue et quelques choeurs. 


jeudi 10 juillet 2014

PORTRAIT "BALLADS": MATHIAS MALZIEU

Mathias est le musicien de l'enregistrement de "Ballads" que je connais depuis le plus longtemps. Nous avons fait connaissance à un de ses concerts en 1998. A l'époque, certains me disaient avoir vu un mec complètement fou en concert avec qui je m'entendrais bien. Certains me disaient même avoir vu une ressemblance physique entre nous deux. Intrigué, j'allais voir Dionysos en concert et me pris une monstrueuse baffe. Aujourd'hui encore, Dionysos fait partie des meilleurs groupes que j'ai pu voir sur scène. Je les ai d'ailleurs vus une trentaine de fois en concert depuis. Si c'est pas plus. Ils sortaient à ce moment là leur deuxième album et j'écoutais en boucle ce disque par la suite. Le soir du concert, je ne connaissais pas encore leur musique. J'ai croisé Mathias aux wcs du club bordelais. Nous nous sommes regardés, et avons eu un flash immédiat. Nous étions probablement de la même famille. De son coté, il était en tournée avec Dionysos, et quelques mois auparavant, sur la route, à Strasbourg, un disquaire lui avait recommandé un de mes 45 tours, le "Pascal Sevran EP" que j'avais sorti en 1995 sur un label marseillais. L'indie pop de l'époque, en France, était moins fournie qu'aujourd'hui. Peu de disques sortaient par rapport à maintenant. Ainsi, Mathias avait découvert mes chansons hip hop et grunge de l'époque. Nous avons discuté quelques secondes avant qu'il monte sur scène. Surprise, ce soir là le groupe improvisa un riff d'une de mes chansons hip hop. J'étais ému. Puis s'en sont suivies des courriers entre Mathias et moi. Nous nous écrivions des lettres manuscrites. Ca aussi, c'est difficile à imaginer à notre époque, avec internet. Et puis on s'envoyait aussi nos disques respectifs. On se passait quelques coups de fil, aussi, et parlions des cloisons étouffantes qu'il y'avait entre plusieurs genres musicaux, mais aussi entre les labels indépendants snobs et les majors méprisantes. Chacun leur tour se tournant le dos, et à quel point nous trouvions cela idiot. Chaque coup de fil de Mathias, lui à Valence, moi à Bordeaux, me redonnait de l'espoir. Car, dans les années 90, on s'emmerdait un peu, tout de même. 
Et puis il y' eut ce jour où je reçus un tapuscrit. Mathias écrivait des nouvelles. Ca, c'était sacrément étonnant d'éclectisme. La narration était drôle, légère et touchante. Enfantine aussi. Le rapport à l'enfance m'a tout de suite plu. J'adorais ses nouvelles, que j'ai, quelque part, chez moi, avec plein de bidules. Elles me rassuraient, aussi, car je venais de m'intéresser de façon plus approfondie aux instruments jouets. Le rapport à l'enfance devint un de nos sujets de discussions favori. Puis je reçus ensuite des courts métrages au Super 8 dans ma boite aux lettres. Mathias avaient des envies de cinéma. Ca aussi, ça me rassurait, et me motivait. Mathias n'avait aucune limite. Bien sûr, ses partenaires étaient inquiets "il vaut mieux faire une seule activité à la fois". Mais Mathias ne pliait jamais. Quand je m'inquiétais pour lui et ses projets fantasques, il me répétait tout le temps: "on verra, on sait pas, faut essayer". Et je repartais plein d'optimisme. Je publiais des disques, lui aussi, et nous parlions de musique. Puis un jour, il réalisait un clip pour une de mes chansons. "Hard Day", sur mon double album "Radio Dub" de 1998. Des années plus tard, un ami me proposait d'intégrer ce clip dans un site internet. Et la vidéo fut perdue. Je ne m'en remets toujours pas. En l'an 2000, Mathias m'invitait à jouer à Valence, en première partie de Dionysos. Il était en fauteuil roulant. Il était tombé, lors d'un concert, mais avait refusé d'annuler la tournée. Il jouait donc en fauteuil. Je pris une immense leçon de Rock N Roll. Je fus ce soir là signé chez un label un peu plus conséquent que d'habitude, et sortis "The Hard Rock", mon album le plus rock, quelques mois plus tard. Mathias parlait de moi dans la région, et je pense que ça avait motivé ce label là, qui était une licence Wagram. Mais des mois après la sortie du disque, mon contrat fut rendu, comme cela arrive parfois. J'avais alors décidé de jouer dans la rue, en montant un street band qui serait bientôt Cocktail Bananas, avec mes amis. Beaucoup de gens voyait cela d'un mauvais oeil, mais Mathias, lui, comme d'habitude, était enthousiaste. Il me proposa alors de jouer le rôle d'un musicien de rue dans un court métrage. Il venait de sortir son premier livre, mais ses talents de réalisateurs de film faisaient encore douter sa maison de disques. Donc, je n'ai pas joué de banjo dans ce court métrage. Mais Mathias eut envie que je joue en première partie de Dionysos. De mon coté, je suivais sa discographie et j'étais épaté du virage country que le groupe prenait. L'acoustique et l'électrique étaient sans cesse mélangés, et Dionysos passait de plus en plus à la radio. Voir cet exemple de pop farfelue et hors norme s'incruster dans ma télé ou sur la bande FM me donnait une énergie formidable. Mathias avait donc la tête dure. Il ne reculait jamais. Il avait forcé les portes des maisons de disques, puis des maisons d'édition, puis des radios, puis des télés. C'était incroyable. Peu d'années avant Herman Dune, Dionysos avait donc cassé une cloison qui séparait l'indie ricaine et la France FM. Et ce n'était pas la dernière.  A cette époque, Mathias était tout le temps sur la route. De mon coté, j'étais tout le temps à jouer dans la rue, et aussi de plus en plus sur la route avec Cocktail Bananas. Puis nous avons eu des soucis. Puis nous nous sommes retrouvés en 2005, quand le 2.0 a rapproché les gens qui voyageaient beaucoup. Il y'avait du neuf dans nos vies, et nous avions toujours autant envie de faire ce qu'il ne fallait pas faire. Entre 2005 et 2011, j'ai ouvert des tonnes de fois pour Dionysos. J'ai remixé un de leurs titres, j'ai dansé dans deux clips, ai accompagné Mathias pour les lectures de ces livres, en France, au Quebec, en tant que pianiste, banjoiste, ou omnichordiste. A cette époque, je découvrais ses romans, épaté, impréssionné. Très ému aussi par "maintenant..", ce livre impressionnant de tendresse et de peine. De sincérité et de générosité aussi. Mathias rime très bien avec ce terme là. Il n'est pas difficile, au premier regard de se rendre compte de la générosité sans fin du bonhomme. Sur scène, c'est évident. Mais dans la vie également. Une journée ne suffit jamais à cet hyper actif. Il lui est impossible de ne pas essayer de nouvelles choses. Et j'apprenais alors que Mathias avait trouvé un producteur, Luc Besson, pour le suivre dans un projet épuisant et titanesque de film d'animation. Je tournais avec Dionysos et je voyais la masse de travail que Mathias fournissais. Il jouait en concert ( et quels concerts ), rentrait dans sa chambre, écrivait un nouveau livre, et le lendemain retournait au studio d'animation pour réaliser son film. Il trouvait le temps de faire de la promotion d'écrire des chansons pour d'autres, de réaliser des disques, de produire des clips, d'organiser des expositions, de mettre en place les siennes, celles de ses photos au lomo, puis allait à des concerts. Le tout en ayant totalement oublié qu'il avait vendu des tonnes de disques, de livres, et qu'il avait donc une sacré célébrité. Qu'importe, il venait taper le solo d'harmonica à n'importe quelle occasion, se faisant emmerder au passage pas des gens qui voulaient soit une signature, soit une dispute, et tout ça, avec le sourire. Je suis toujours resté ébahi quant à cette énergie de monstre. Tiens, j'oubliais presque, Mathias a réalisé un de mes clips l'an dernier. Et puis il a joué dans une de mes vidéos. Et nous venons d'enregistrer du spoken word ensemble avec ses textes. Tout ceci serait trop long à raconter. Les projets, les envies, en discontinu, le visage tout le temps émerveillé de Mathias lorsqu'il entend un steel guitar, ou lorsqu'il trouve une machine des années 40 dans un magasin. Mathias est un enfant. Pour ses 40 ans, je me faisais la réflexion suivante: comment fait il pour rester autant énergique? Rien ne semble l'affecter. Ou alors, ça ne dure pas. Mathias a toujours 8 ans et demi. Quand je lui ai parlé de mon projet de "Ballads", il était tellement motivé qu'il a insufflé encore un peu plus d'énergie à cette unique journée d'enregistrement magique au studio CBE. Mathias, c'est ça: une pile électrique qui pétarade en permanence. De la nitroglycérine rouquine. Je n'arrive bien sûr jamais vraiment à saisir ses projets quand il les monte, mais suis toujours sur le cul quand il y arrive. Un funambule. D'ailleurs, en général, je fais exprès d'être à moitié concentré pour garder de la surprise. "Tu vas créer un chocolat qui accompagne ton livre? Ah! Très bien! Tu as rencontré un chocolatier et vous allez créer ensemble une saveur? Ok. Formidable". "Ce soir, je joue du piano avec toi, mais une femme arrive sur un fil pour faire un strip tease à l'envers et se transformer en oiseau géant, juste dans mon dos? Oui, formidable! Mais mon Do# semble cassé. Tu trouve ça super? Tu trouves que ça sonne de façon étrange. Et donc tu veux que je joue cette note là. Ok. Oui. Je vois". Le rapport à l'accident et à l'erreur et une des constantes de ce que fait Mathias. Je dis "FAIT", car je ne sais plus comment appeler son métier. Il a cassé tant de codes. Et j'en suis tellement ravi. La plupart du temps, quand on m'emmerde avec des protocoles, je cite Mathias. Il est mon Joker. Le truc qui ferme le clapet des pisses froids du métier. "Ha bon? On ne PEUT PAS faire ça? C'est marrant, j'ai déjà entendu quelqu'un dire ça à Mathias à propos d'un de ses projets. Il l'a fait quand même. Et avec succès.". Et comme dit Mathias: "Il n'y a pas de règles". Lorsque j'ai eu envie d'enregistrer "Ballads", j'ai pensé que la liste des titres à enregistrer contenait trop de mes anciennes chansons. Certes, je voulais en restaurer quelques unes, et des ballades, qui plus est. Mais le fait d'enregistrer 5 anciennes chansons, deux nouvelles, et une réécrite, me posait un souci. Et comme souvent, j'entendis Mathias dans ma tête "Y'a pas de règles". Puis je regardais mon budget. J'avais de quoi faire une seule journée de studio. Ce qui est très peu pour un album. Puis j'entendis Mathias dans ma tête: "Y'a pas de règles". Puis je dressais la liste des musiciens à qui je pensais pour m'accompagner. Ils étaient trop nombreux. "Y'a pas de règles". Ils étaient presque tous solistes ou leaders de groupes. "Y'a pas de règles". Je n'avais aucune chanson entrainante pour la radio. "Y'a pas de règles". Je devais sortir un triple album en 2013 suivi d'un disque de cover au printemps 2014, ca faisait un peu beaucoup. "Y'a pas de règles". Depuis des années, n'ayant pas le tempérament de feu que peut avoir Mathias, étant sujet à des passages de dépression intense et de doutes improductifs, j'ai tout de même un médicament: Dans ma tête vit Mathias. Il est là pour veiller aux grains. Il me réprimande à chaque fois que j'ai le trac. Il casse des murs au travers desquels je passe tranquilou derrière. Il est bienveillant. Ils sont quelques uns, dans ma tête. Mais Mathias s'occupe du moral des troupes. Stephan, de Dionysos, me dit souvent : "Ca allait pas. J'ai appelé Mathias, et me voila regonflé à bloc". Dans "Ballads", Mathias joue de l'harmonica. Mais aussi de l'énergie. De façon invisible, et avec sa bonne humeur. Je lui dois des tas de rencontres, dont récemment Carmen Maria Vega. Et nous devons beaucoup, d'une façon générale, en tant que musiciens français, à Mathias. Il est de la génération rock des années 90. C'est à dire quelqu'un qui a ouvert des portes, comme ont pu le faire Katerine, Dominique A, Sloy et quelques autres. Et il en ouvre toujours plus. Bientôt, ses prochains projets vont encore casser des cloisons. Même si je ne vous dis pas tout, pour garder du mystère. Mais les livres de Mathias, ses disques, son film magnifique, ses chocolats, ses photos, je vous recommande tout ce que fait Mathias. En plus, il fabrique des ponts pour aller des uns aux autres de ses projets. Si bien qu'il est stimulant de récréer le puzzle géant qu'il fait ça et là, entre toutes ses réalisations. A vous de vous amuser. C'est ce qui lui fera le plus plaisir. Qu'on se marre.

mercredi 9 juillet 2014

PORTRAIT "BALLADS": PAULETTE WRIGHT

En 2012, alors que je m'apprêtais à accompagner Victorine en tant que batteur, Ava Carrere en tant que guitariste, et Seb Adam en tant que percussionniste, à Reims, L'Ecluse, pour une soirée de concerts,  je rencontrais par hasard Paulette Wright. Elle était venue pour, elle aussi, taper sur quelques percussions avec Seb Adam. J'ai apprécié son tempo, en live. Puis nous avons joué avec Victorine, et Paulette dansait, comme elle le fait souvent. Je venais de publier quelques mois auparavant "Radio Lee Doo" et je cherchais toutes sortes d'idées pour des clips artisanaux, réalisés rapidement à l'Ipad, technique que je mettais en place pour commencer à filmer toutes sortes de choses pour mon projet "Dreamarama" et ses 52 clips. Il me fallait trouver des idées rapidement, essayer des choses, dans tous les sens. Cet après midi là, Paulette s'est même retrouvée par hasard dans un petit sketch vidéo que je tournais avec Victorine et les musiciens. En voyant danser Paulette, plus tard dans la soirée, je remarquais que ses danses feraient un bon contenu, en plan séquence, pour un clip d'une de mes chansons de "Radio Lee Doo", "Uptown". Je proposais alors à Paulette de danser et elle acceptait tout de suite, alors qu'on ne se connaissait pas. J'ai eu beaucoup de mal à monter la chanson sur la musique, alors que c'était un plan fixe. Du coup, durant ce temps long, Paulette me fit écouter ses chansons. J'ai immédiatement pris une immense claque. Sa voix, ses textes, son onirisme, sa musicalité, m'ont totalement happé. Elle m'expliquait qu'elle jouait également du violoncelle, en plus de la guitare, du piano, du ukulele. Elle produisait ses musiques avec son ordinateur et était aussi comédienne de théâtre. Nous avons gardé contact et j'ai publié deux singles de Paulette sur mon label, pendant que Victorine et moi avons tenté de faire un peu de promo et de booking pour elle, tant que faire se peut. Seb Adam me racontait que Paulette jouait tout le temps à Reims, et qu'elle était toujours partante. Je lui ai demandé de venir jouer sur un disque, un jour. Elle me répondit "oui". Et en juillet 2013, nous entrions en studio chez CBE avec le reste des musiciens, pour l'enregistrement de "Ballads". Paulette joue de la guitare folk sur deux chansons, chante et joue des percussions sur d'autres. Je vous recommande les singles solo de Paulette, mais aussi ce qu'elle fait avec d'autres formations, parfois plus dub. Je ne l'ai pas encore vue jouer la comédie, mais c'est dans mes projets. Tout comme celui de refaire de la musique avec elle un jour. 



PORTRAIT "BALLADS": SOFIA BOLT

C'est une fois de plus lors des open mics du Pop In que nous animons, Guillaume Léglise et moi même chaque dimanche, que j'ai découvert Sofia Bolt. Je ne savais pas si il s'agissait d'un groupe ou d'une chanteuse. Peut être était ce un peu des deux à cette époque là. Nous étions en 2010 et la voix de Amélie Sofia Bolt m'a tout de suite charmé, ainsi que son jeu de guitare sec et aiguisé. Ses chansons m'ont rappelé Earwig, un groupe du début des 90's. J'ai invité Sofia Bolt à se mélanger à ALB en 2011, lors de soirées que je programmais et animais alors à l'International, les "PartHouse", dans lesquels j'obligeais deux formations à se mélanger sur des covers ou des improvisations. Puis Sofia Bolt m'a engagé comme batteur, peut être parce que je l'ai un peu réclamé, car j'étais fan de cette musique sensuelle et sombre, teintée de passages lumineux et énergiques. J'ai joué en concert avec Sofia Bolt tout un tas de fois et j'ai toujours aimé les constructions et mises en places des chansons. J'ai aussi demandé à Sofia Bolt de jouer de la guitare pour moi en concert, mais n'ai pas encore trouvé le bon engagement pour qu'elle puisse m'accompagner. Le projet est toujours dans ma ma tête, car, en plus d'avoir une superbe voix, elle a un jeu de guitare percutant et sec que j'adore. Le premier maxi de Sofia Bolt est sorti sur mon label, Mk Label. Puis nous sommes entrés en studio il y'a peu pour de nouveaux enregistrements en quintet. La session a été partagée de façon mutualiste avec l'enregistrement de l'album de Batist à CBE, le même jour. Je ne sais pas ce que Sofia Bolt fera de ces enregistrements. Ils ont été mixés par Guillaume Léglise. 
Je souhaitais que Sofia Bolt joue la guitare électrique dans "Ballads", ce qu'elle a fait dans 5 chansons sur 8. C'est elle qui le son sec et reverbéré à la guitare Silvertone. 
Je vous recommande la totalité de ses productions.

PORTRAIT "BALLADS": JAN GHAZI

C'est tout d'abord sur un disque de Mathieu Boogaerts que j'ai lu pour la première fois le nom de Jan Ghazi. Ou peut être sur un disque de chez Source. Peut être même ai je entendu parler de lui à propos de la compilation Source Rock, qui, d'après moi, annonçait tout simplement en 1998 ce que la France allait dessiner comme matière musicale pop dans les années 2000. Ou peut être ai je entendu parler de lui à propos de Phoenix qui publiait un titre pour la première fois sur cette même compilation. A moins que ce soit à propos de la chanteuse Camille, dont j'admirais le virage vocal. A moins que ce soit à propos de son jeu de pedal steel et steel guitar, dont peu de gens savent jouer en France. A moins que ce nom là soit revenu plusieurs fois, des balbutiements de la french touch aux disques de Mathieu Boogaerts ou Camille. Le nom résonnait tant que je me suis mis rapidement à chercher à joindre ce personnage intrigant qui semblait avoir une oreille érudite et spontanée. Un précurseur, un découvreur. Le bonhomme était difficile à trouver, difficile à joindre et semblait être un électron libre parisien. J'habitais Bordeaux, et je sentais à des centaines de kilomètres de là comme une complicité entre Ghazi et le producteur Stéphane ALF Briat , dont j'admirais les réalisations. De si loin, ces personnages là avaient l'air d'avoir du goût mais aussi une vision globale, avec un pied dans l'héritage et l'autre dans l'avenir. De l'humour aussi, et du détachement. Je passais parfois par Paris pour faire écouter des nouvelles chansons. Le nom de Jan Ghazi revenait souvent. Je n'ai pas réussi à le rencontrer. Mon envie était difficile à décrire. J'avais surtout envie de discuter avec lui. Ce qui est délicat quand on est musicien, car chaque main tendue peut être interprétée comme une candidature. Dans mon cas, en autonome revendiqué parfois au prix d'un amalgame injustifié avec du sectarisme, je préférais mettre en avant que je n'avais pas besoin de tant de partenaires que ça, et que, souvent, ce qui me motivait, dans le secteur musical, c'est la rencontre pour la rencontre. J'aime par exemple fréquenter des musiciens, mais j'en appelle assez rarement pour mes enregistrements. Lorsqu'il s'agit de producteurs, réalisateurs, éditeurs, ou directeurs artistiques, il est délicat de leurs faire comprendre que j'aimerais m'entretenir avec eux, sans savoir vraiment pourquoi, sans projet. Ainsi, j'ai envoyé des tonnes de disques à Jan, avec mes chansons dedans. Puis j'ai pris mon téléphone, et me suis retrouvé une ou deux fois face à un caractère soupe au lait, ce qui est parfois difficile à recevoir. Quelques années plus tard, c'est grâce à mon ami Paul, du groupe Moon, que je pouvais enfin avoir une conversation avec Jan. Ayant moi aussi un caractère parfois soupe au lait, je restais à l'écoute de ce que ce directeur artistique de talent avait à me dire, au sujet de chansons que j'avais à proposer pour une des interprètes de son catalogue. Et je dois dire que le lexique, les perceptions et la direction artistique de Jan m'ont convaincu. En général, j'ai beaucoup de mal avec les gens qui occupent ce poste. Principalement parce que je ne tombe jamais d'accord avec eux. Mais dans le cas de Ghazi, les arguments étaient fondés et passionnants. La chanteuse Luce, pour qui il cherchait des chansons, a finalement chanté une chanson de Cléa Vincent et moi. Puis Jan a souhaité signer Cléa. De fils en aiguilles, nous nous sommes croisés un paquet de fois, y compris en studio. Je découvrais en même temps Mustang, Don Cavalli, dont Jan était le directeur artistique. Je découvrais aussi que nous n'avions pas que le caractère taciturne en commun mais aussi un bavardage assez important sur la musique, et les discussions que j'ai pu avoir avec Jan sont parmi les plus passionnantes que j'ai pu avoir avec un mélomane. Nous parlions de toutes sortes de chanteurs, musiciens, de Los Angeles, de La Femme, de Mathieu Boogaerts. Je sentis une telle oreille que j'eus très vite envie de lui faire écouter Baptiste W Hamon et Paulette Wright que je venais de découvrir. Puis nous jouâmes ensemble lors de fêtes de la musique ou de jams. Je l'invitais à jouer du steel guitar à mon concert de décembre 2011 pour la sortie de mon album "Radio Lee Doo". Sur ma chanson "Solenn", que nous avons interprétée ensemble avec les musiciens, je me souviens d'une couleur mélancolique et océanique comme rarement j'avais entendue sur ce titre. C'est après ce concert que j' eus envie d'enregistrer un jour un disque qui s'appellerait "Ballads" et dans lequel, mélangés à de nouvelles chansons, je glisserais une version de "Solenn" assez longue avec du pedal steel joué par Jan. Deux ans plus tard, nous rentrions en studio chez CBE, dans le 18e arrondissement de Paris. Jan Ghazi, est, je pense, un des directeurs artistiques actuels les plus intuitifs et érudits de Paris, avec Jean Baptiste Guillot de Born Bad et Victor Peynichou de Midnight Special Record.

mardi 8 juillet 2014

PORTRAIT "BALLADS": HENRI CARAGUEL

Pour l'enregistrement de "Ballads", j'ai donc demandé à des solistes ou des leaders de groupes de m'accompagner. Une idée qui m'est venue depuis mon poste de batteur au sein de l'orchestre de mon amie Victorine, qui, elle même, se fait accompagner par des meneurs de troupes. Une équipe uniquement constituée de capitaines. 
Ainsi, j'ai accompagné presque tous les musiciens qui sont venus à leur tour m'accompagner sur l'enregistrement de "ballads". J'ai joué de la guitare ou de la batterie pour certains, puis, sur "ballads", c'est à eux de jouer ma musique. 
J'ai été batteur ou guitariste pour Cléa Vincent, omnichordiste pour Clément Daquin, mais dans le cas d'Henri Caraguel, c'est différent. Nous avons pour habitude de nous accompagner à tour de rôle, chacun sur le devant de la scène, en jouant à une sorte de ping pong musical. 
J'ai rencontré Henri en 2003, et nous avons intégré ce super musicien à notre groupe Cocktail Bananas, que nous avions monté trois ans auparavant, David Argellies, Hugo Berrouet et moi même. Le groupe avait à cette époque une cadence infernale. Nous jouions tous les jours dans la rue, parfois plusieurs fois, et jouions le soir également en concert, parfois pour plusieurs contrats, dans la région de Bordeaux, en courant d'un lieu à un autre. Nous jouions en acoustique et ainsi nous installions vite, jouions vite et passons à un autre commanditaire à la vitesse de l'éclair. Henri s'est adapté à ce rythme. Il a même aimé cela, même si il m'a souvent confié avoir cru mourir de fatigue à cette période. Notre répertoire était composé de reprises et d'originales,et aucun de nous n'aimions répéter. Ainsi, on apprenait les répertoires vocalement, en voiture. Henri tenait la guitare, ce qui est toujours le cas, et je tenais le banjo, ce qui est moins souvent le cas. Par ailleurs, il écrivait des chansons ambitieuses qu'il offrait à son projet Samba Wallace. Il m'a invité à jouer de l'orgue lors du premier single du groupe, en 2004, que je produisais. Puis, en 2005, Samba Wallace est devenu un duo, puis un quintet, mais sans moi. J'avais pris gout à jouer les chansons d'Henri, et avec Cocktail Bananas, nous jouions déjà les miennes et celles d'Hugo, notre batteur. C'est tout naturellement que Henri s'est mis à jouer les siennes. En 2006 nous avons commencé à devenir le backing band de Paco Volume. Je passais alors aux claviers. Nous avons joué avec lui deux ans, durant lesquels nous tentions d'accompagner des chanteurs. Ainsi avons nous accompagné Mickael Youn autant que Paco Volume ou Panpan Master. Aujourd'hui, Cocktail Bananas continue à être le backing band de plein de gens, mais je n'ai plus le temps d'en être. 
En 2006, cependant, David Argellies, notre contrebassiste, est parti vivre à Paris. Durant cette période, Cocktail Bananas a fonctionné en trio à Bordeaux. Henri et moi avons commencé à jouer de plus en plus au ping pong, passant de cour à jardin, d'un chanteur à l'autre, une chanson sur deux. J'adorais jouer pour Henri puis qu'il joue pour moi. C'était un vrai plaisir. Nous en sommes venus à croiser nos solis de guitare et banjo en questions-réponses, puis, quand nous retrouvions David pour quelques concerts, nous jouions d'autant plus à ce jeu là. L'album que nous avons enregistré à cette époque était composé en majorité par Henri et Hugo. J'avais aussi presque un tiers des chansons. 
En 2008, je suis parti à mon tour à Paris. Cocktail Bananas comptait alors plus de 1500 concerts, et une grand partie avait été joués sous des line up à géométrie variable dans lesquels Henri et moi étions fréquemment là. Nous avons alors tenté de jouer à distance. Mais Henri a monté un autre projet, "Ride on and the Yellows" et conclut l'histoire de Samba Wallace. Au même moment il se fit engager par Les Wackies pour devenir guitariste soprano. Au contraire, avec Cocktail Bananas, Henri jouait souvent de la guitare baryton. Les divers guitares et dérivés l'ont alors passionnés. Il s'est mis à apprendre le steel guitare, la mandoline, le banjoline, le ukulele et a repris en main Cocktail Bananas que David et moi, depuis Paris, avions du mal a motiver. Il est devenu le principal chanteur et auteur du groupe. Je rejoins Cocktail Bananas de temps en temps, souvent pour remplacer Hugo à la batterie. Ride on and the Yellows, ainsi que Les Wackies et Cocktail Bananas ont sorti leurs disques sur mon label, Mk Label. 
Les chansons que je souhaitais enregistrer pour "Ballads"ont parfois été jouées avec l'apport guitaristique d'Henri. Je dois aussi ajouter que j'avais besoin d'un ambassadeur du son Cocktail Bananas et de l'ambiance océanique dans laquelle nous aimons nous mettre, Henri et moi, lorsque nous jouons. Je souhaitais que Henri joue avec des gammes éthiopiennes comme il sait si bien le faire, et aussi avec des phrases oniriques dont il s'est inspiré chez Television. Le rôle de lead guitare était tout tracé, il fallait Henri. Pour lui donner la réplique, je pensais à Batist, mais pas à moi, car je songeais à jouer la batterie. Les autres Cocktail Bananas ne sont pas présents sur "ballads", car je souhaitais un mélange de plusieurs personnes qui se connaissent peu. Un jour j'aimerais réunir le crew bananas, mais pour ce disque, c'est un mélange que je souhaitais. 
Henri est un des guitaristes les plus doués que j'ai pu rencontrer. J'aime énormément jouer de la guitare en duo avec lui. Nous avons quelques dates prévues avec Cocktail Bananas, et j'espère avoir la place de jouer des duos d'improvisation avec lui bientôt. 
Je vous recommande la totalité de ses projets. Les deux derniers albums de Cocktail Bananas sont truffés du jeu et de la plume d'Henri, mais aussi les deux mini Lps des Wackies, l'album tout entier de Ride On and The Yellows et aussi l'unique single de Samba Wallace Trio. A la fois sauvage, garage, psychédélique et élégant, le style d'Henri est délectable. 


PORTRAIT "BALLADS": CLEA VINCENT

J'ai rencontré Cléa Vincent lors des open mics du Pop In que j'anime chaque dimanche soir avec Guillaume Léglise, depuis que Yaya Herman Dune, l'initiateur, m'a passé le micro en 2008. Elle est arrivée un soir de 2009 avec son clavier et a chanté ses chansons. Guillaume et moi l'avons tout de suite adorée. Sa diction particulière, sa voix à la fois puissante et voilée, ses notes très longues ou minuscules, ses syllabes chantées le nez en l'air, ses accords new wave, ses solis de piano jazz où Monk rencontre Petrucciani avec un minimalisme "koln concert", et son groove samba enfantin (Jan Ghazi dit un jour: "sa bossa du Périgord") nous ont charmés. J'avais à ce moment là une place de batteur chez My Broken Frame, le projet de Guillaume Léglise. Et j'avais aussi de coté quelques chansons frenchy auquelles ils me manquaient des notes ou des mots. J'ai demandé à Cléa de tenir le stylo avec moi pour quelques unes de mes chansons, et elle me demanda la même chose en retour. Au même moment, Guillaume l'engageait comme pianiste de My Broken Frame. Nous avons fait tout un tas de concerts ensemble, puis avons écrit ensemble des chansons. La gémélité d'écriture que j'ai senti s'est toujours démontrée depuis, lorsque nous faisons nos ateliers. Si je commence une phrase, Cléa la termine, et inversement. Si elle a un accord, j'ai une mélodie, si je joue un accord, elle a une idée de texte. Quelques unes de nos chansons sont restées dans un tirroir à chansons, car, bavards, nous écrivons peu lors de ces séances, tant nous papotons. Les deux chansons que Clea a son répertoire, et que nous avons co écrites, sont "Happée Coulée" et "Soulevant". La première a également été chantée par Luce, sur son premier album. Quant à la deuxième, il arrive que Cléa la chante avec un peu tous ses projets. Par la suite, j'ai invité Cléa à chanter dans un des mes groupes avatars, ELLES SONT IMPARFAITES, pour la chanson "accessible song". Ensuite, Cléa a enregistré son premier album, sur une longue période, pour Polydor. J'y ai joué de la batterie. Le disque n'est finalement pas sorti. Entre temps, Cléa montait les Coquillages, puis Les Chansons de Ma Tante, un groupe dans lequel je suis batteur, aux cotés de David Argellies et Batist. Nous chantons les chansons de Joyce Giani, ma tante. Et parfois une ou deux de Cléa et moi. Nous avons également monté ensemble le quintet A LA MODE, un groupe instrumental de Jazz Rab avec Raphael Léger, Raphael Thyss et Batist. Dans ce quintet, tout le monde écrit, je joue la guitare et Cléa le piano. Nous jouons aussi en duo dans le métro. Nous avons souvent des projets ensemble, et bientôt d'autres encore pour la rentrée. Cléa est pour moi comme ma frangine de tonalité mineur et de tempo rital. Je n'ai pas besoin d'entendre ce qu'elle joue, je sais que nous sommes branchés sur le même secteur. Ainsi, j'avais très envie qu'elle tienne le piano sur l'enregistrement de "Ballads". Si j'ai joué une chanson seul au piano dans mon nouvel album, Cléa joue tous les autres pianos. Elle joue aussi une ou deux parties de Wurlitzer, impovise beaucoup, et joue du tambourin d'une façon hypnotique sur la toute dernière chanson du disque, "Ice Gold". C'est une toute nouvelle chanson que je n'avais pas finie. Il manquait le texte, qui a été écrit et chanté par la suite par Valérie Hernandez. Ainsi, nous avons improvisé sans chant la prise studio. J'ai demandé aux guitariste de s'exprimer au maximum. Je jouais une partie de batterie répétitive et Cléa jouait du tambourin à coté de moi comme un moine faisant ses prières. Ce genre d'attitude partageuse et télépathe font de Cléa une des personnes les plus agréables avec qui jouer. Comme moi, elle a du mal avec les mises en place programmées, et préfère de loin l'improvisation. "Ballads" est une disque improvisé. Je savais que Cléa serait dans son élément. Plus tard, Henry Caraguel me disait à quel point il aimait jouer avec Cléa pour toutes ces raisons. Depuis, Cléa Vincent a sorti son premier mini album. Son deuxième sort très bientôt chez Midnight Special Records. Un des meilleurs labels du moment. Je vous recommande la totalité des projets de Cléa. En ce moment, elle a monté un trio avec Zaza Fournier et Luciole autour de chansons de types de 1947 à 1967 qui parlent de nanas. Et ca joue tous les soirs de juillet aux Trois Baudets. Allez y. 

lundi 7 juillet 2014

PORTRAIT "BALLADS": CLEMENT DAQUIN

Pour mon nouvel album, "Ballads", qui sera publié le 20 aout prochain, j'ai demandé à Clément Daquin de jouer la basse. Pour cet album, j'avais envie de jouer live, dans un studio, tout l'album en un temps minimum. Aussi, j'avais envie de demander à des musiciens de m'accompagner, et, si possible, uniquement des leaders de groupes ou des solistes. Victorine a ainsi monté son backing band de cette façon. J'en suis la batteur et je trouve la formule de se faire accompagner par des meneurs une possibilité fort enrichissante. A l'heure actuelle, elle ne le sait pas, mais cette idée m'est venue de mon amie et chanteuse Victorine. Ainsi, j'ai commencé à monter un backing band rien que pour cet enregistrement. 
Clément Daquin est un excellent bassiste. C'est aussi le leader de ALB, si tenté que ce soit réellement un groupe. Nous nous sommes rencontrés à Reims, en 2008, et avons tout de suite senti des connivences sur l'aspect le plus geek de la musique pop. Je lui ai proposé de m'accompagner sur scène assez rapidement. ALB fut ainsi mon back band durant quelques concerts, parmi mes plus funky. Puis Yuksek a embauché Clément à peu près au même moment où il m'a demandé du renfort d'écriture pour "Off the wall". Je savais que Clément et moi n'allions pas nous voir d'ici quelques temps. L'idée de me passer de lui me plaisait moyen. En 2011, je lui demandais de mixer mon album "Radio Lee Doo". Puis un peu plus tard, je jouais un peu d'omnichord pour lui. En 2013, j'écrivais aussi une bio pour ALB et la promotion de son deuxième album. Lorsque je lis des chroniques, je vois souvent des phrases que je pense sur Clément, comme le fait qu'il soit sosie de Patrick Dewaere, mais aussi comme le fait qu'il est un musicien surdoué, un mélodiste hors pair, et un songwritter passionnant. 
Je l'ai appelé pour enregistrer "ballads" en juillet 2013 au studio CBE. Je lui expliquais qu'il n y aurait aucune répétition et que nous enregistrerions 7 chansons en tout, plus une que je jouerais en solo, dans l'improvisation totale. J'étais ravi de jouer avec Clément. Son jeu de basse rond et parfois claquant va à merveille à "ballads". Nous nous sommes retrouvés quelques mois après pour l'enregistrement de mon album "Kims X Kim", par hasard dans le studio de ALF. 
Je n'ai pas expliqué à Clément ce qu'il devait jouer. D'ailleurs, je n'entendais pas vraiment sa basse dans mon retour casque. Mais je savais que le résultat me plairait. 
Le nouvel album de ALB est magnifique. Je vous recommande cette merveille geek pop. 
Clément joue toutes les basses de "ballads", et nous tenons donc à nous deux la section rythmique tout du long, puisque je joue les batteries de ce disque.