mardi 8 juillet 2014

PORTRAIT "BALLADS": HENRI CARAGUEL

Pour l'enregistrement de "Ballads", j'ai donc demandé à des solistes ou des leaders de groupes de m'accompagner. Une idée qui m'est venue depuis mon poste de batteur au sein de l'orchestre de mon amie Victorine, qui, elle même, se fait accompagner par des meneurs de troupes. Une équipe uniquement constituée de capitaines. 
Ainsi, j'ai accompagné presque tous les musiciens qui sont venus à leur tour m'accompagner sur l'enregistrement de "ballads". J'ai joué de la guitare ou de la batterie pour certains, puis, sur "ballads", c'est à eux de jouer ma musique. 
J'ai été batteur ou guitariste pour Cléa Vincent, omnichordiste pour Clément Daquin, mais dans le cas d'Henri Caraguel, c'est différent. Nous avons pour habitude de nous accompagner à tour de rôle, chacun sur le devant de la scène, en jouant à une sorte de ping pong musical. 
J'ai rencontré Henri en 2003, et nous avons intégré ce super musicien à notre groupe Cocktail Bananas, que nous avions monté trois ans auparavant, David Argellies, Hugo Berrouet et moi même. Le groupe avait à cette époque une cadence infernale. Nous jouions tous les jours dans la rue, parfois plusieurs fois, et jouions le soir également en concert, parfois pour plusieurs contrats, dans la région de Bordeaux, en courant d'un lieu à un autre. Nous jouions en acoustique et ainsi nous installions vite, jouions vite et passons à un autre commanditaire à la vitesse de l'éclair. Henri s'est adapté à ce rythme. Il a même aimé cela, même si il m'a souvent confié avoir cru mourir de fatigue à cette période. Notre répertoire était composé de reprises et d'originales,et aucun de nous n'aimions répéter. Ainsi, on apprenait les répertoires vocalement, en voiture. Henri tenait la guitare, ce qui est toujours le cas, et je tenais le banjo, ce qui est moins souvent le cas. Par ailleurs, il écrivait des chansons ambitieuses qu'il offrait à son projet Samba Wallace. Il m'a invité à jouer de l'orgue lors du premier single du groupe, en 2004, que je produisais. Puis, en 2005, Samba Wallace est devenu un duo, puis un quintet, mais sans moi. J'avais pris gout à jouer les chansons d'Henri, et avec Cocktail Bananas, nous jouions déjà les miennes et celles d'Hugo, notre batteur. C'est tout naturellement que Henri s'est mis à jouer les siennes. En 2006 nous avons commencé à devenir le backing band de Paco Volume. Je passais alors aux claviers. Nous avons joué avec lui deux ans, durant lesquels nous tentions d'accompagner des chanteurs. Ainsi avons nous accompagné Mickael Youn autant que Paco Volume ou Panpan Master. Aujourd'hui, Cocktail Bananas continue à être le backing band de plein de gens, mais je n'ai plus le temps d'en être. 
En 2006, cependant, David Argellies, notre contrebassiste, est parti vivre à Paris. Durant cette période, Cocktail Bananas a fonctionné en trio à Bordeaux. Henri et moi avons commencé à jouer de plus en plus au ping pong, passant de cour à jardin, d'un chanteur à l'autre, une chanson sur deux. J'adorais jouer pour Henri puis qu'il joue pour moi. C'était un vrai plaisir. Nous en sommes venus à croiser nos solis de guitare et banjo en questions-réponses, puis, quand nous retrouvions David pour quelques concerts, nous jouions d'autant plus à ce jeu là. L'album que nous avons enregistré à cette époque était composé en majorité par Henri et Hugo. J'avais aussi presque un tiers des chansons. 
En 2008, je suis parti à mon tour à Paris. Cocktail Bananas comptait alors plus de 1500 concerts, et une grand partie avait été joués sous des line up à géométrie variable dans lesquels Henri et moi étions fréquemment là. Nous avons alors tenté de jouer à distance. Mais Henri a monté un autre projet, "Ride on and the Yellows" et conclut l'histoire de Samba Wallace. Au même moment il se fit engager par Les Wackies pour devenir guitariste soprano. Au contraire, avec Cocktail Bananas, Henri jouait souvent de la guitare baryton. Les divers guitares et dérivés l'ont alors passionnés. Il s'est mis à apprendre le steel guitare, la mandoline, le banjoline, le ukulele et a repris en main Cocktail Bananas que David et moi, depuis Paris, avions du mal a motiver. Il est devenu le principal chanteur et auteur du groupe. Je rejoins Cocktail Bananas de temps en temps, souvent pour remplacer Hugo à la batterie. Ride on and the Yellows, ainsi que Les Wackies et Cocktail Bananas ont sorti leurs disques sur mon label, Mk Label. 
Les chansons que je souhaitais enregistrer pour "Ballads"ont parfois été jouées avec l'apport guitaristique d'Henri. Je dois aussi ajouter que j'avais besoin d'un ambassadeur du son Cocktail Bananas et de l'ambiance océanique dans laquelle nous aimons nous mettre, Henri et moi, lorsque nous jouons. Je souhaitais que Henri joue avec des gammes éthiopiennes comme il sait si bien le faire, et aussi avec des phrases oniriques dont il s'est inspiré chez Television. Le rôle de lead guitare était tout tracé, il fallait Henri. Pour lui donner la réplique, je pensais à Batist, mais pas à moi, car je songeais à jouer la batterie. Les autres Cocktail Bananas ne sont pas présents sur "ballads", car je souhaitais un mélange de plusieurs personnes qui se connaissent peu. Un jour j'aimerais réunir le crew bananas, mais pour ce disque, c'est un mélange que je souhaitais. 
Henri est un des guitaristes les plus doués que j'ai pu rencontrer. J'aime énormément jouer de la guitare en duo avec lui. Nous avons quelques dates prévues avec Cocktail Bananas, et j'espère avoir la place de jouer des duos d'improvisation avec lui bientôt. 
Je vous recommande la totalité de ses projets. Les deux derniers albums de Cocktail Bananas sont truffés du jeu et de la plume d'Henri, mais aussi les deux mini Lps des Wackies, l'album tout entier de Ride On and The Yellows et aussi l'unique single de Samba Wallace Trio. A la fois sauvage, garage, psychédélique et élégant, le style d'Henri est délectable. 


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