mercredi 30 juillet 2014

PORTRAIT "BALLADS": ANIMAU/VALERIE HERNANDEZ


J'ai rencontré Valérie Hernandez en 2004 à Bordeaux lors d'un concert. Je ne sais plus du tout lequel. A cette époque, j'étais organiste de Samba Wallace, le groupe d'Henry Caraguel, et nous cherchions une première partie pour un de nos concerts. Valérie chantait dans un duo avec une amie à elle, Nejma. Quelque chose de punk et d'oriental à la fois: Sporange. Les deux filles chantaient accompagnées d'une seule guitare. Auparavant, Mélanie Valera, future Tender Forever, m'avait parlé d'une fille avec qui elle correspondait aux USA et qui faisait de la musique là bas. J'ai compris récemment qu'il s'agissait de Valérie, qui, pour moi, habitait Bordeaux, mais qui, quelques mois auparavant, été partie vivre aux Etats Unis quelques temps. Les deux amies sont devenues complices et lorsque Mélanie se lança en solo sous le nom de Tender Forever, Valérie avait aussi son seule en scène sous le nom de Squeeze Me I Squeak. Les deux amies jouaient beaucoup ensemble. Ainsi, je les ai beaucoup croisées, l'une et l'autre, entre le retour de Valérie d'Olympia, et le départ de Mélanie pour cette même ville américaine. Elles jouaient toutes les deux une sorte de RnB Lofi avec beaucoup de voix. Squeeze Me I Squeak, particulièrement, était très axé sur les voix. Valérie ne se contentait pas seulement de chanter et d'écrire, elle organisait aussi des soirées. Ainsi, en 2005 elle m'invitait à ouvrir pour un groupe dont elle organisait le concert. Plus tard, elle rejoignait le collectif Iceberg. Puis elle organisait toujours d'autres soirées, d'autres concerts, qui, parfois, étaient accueillis à l'Assonet, la salle de répétitions et concerts que nous avions, avec mes amis de Bordeaux. Nous nous sommes retrouvés, Squeeze Me I Squeak et moi, sur des compilations, sans pour autant discuter plus que ça. Timidité, peut être. Ou réserve. Car Valérie est réservée. Ainsi, l'image intrigante de son projet Squeeze Me I Squeak était uniquement servie par un logo représentant un lapin tigre. Difficile d'en savoir plus. Squeeze Me I Squeak ne faisait aucune promotion, ne communiquait quasi pas sur ses actualités. Pourtant, je me souviens qu'à Bordeaux, tout le monde savait très bien qui était Valérie/Squeeze Me. Mais la discrétion allait de paire avec Squeeze Me. Nous l'appelions même "la petite Squeeze Me". 
Pour illustrer son portrait aujourd'hui, j'ai même décidé de ne pas proposer de photo mais bel et bien son ancien logo. Car je sais qu'elle n'aime pas les portraits. 
Un matin de 2008, alors que je m'apprêtais à emballer mon dernier carton avant mon départ pour vivre à Paris, je croisais Valérie par hasard dans la rue du Parlement Saint Pierre à Bordeaux. Elle fut ainsi la première personne à qui j'annonçais que je quittais la ville, à l'exception de Cocktail Bananas et mon label de l'époque et, je crois, PacoVolume. Annoncer que je partais vivre à Paris était assez lourd de sens pour moi, et pourtant Valérie m'y encouragea. Je me souviens très bien de ce moment. 
Quelques années plus loin, j'entendais parler parfois de Valérie. Je savais qu'elle était choriste de Milos Unpluged et appris plus tard qu'elle avait monté un atelier de reliure de livres anciens. Elle était devenue artisan. Son atelier s'était transmis de femme en femme depuis des années.
Nous nous sommes recroisés en 2012 alors que j'étais en résidence pour le spectacle "Play". Là, nous sommes devenus bien plus proches et bien plus intimes. 
Nous avons fait un livre à un seul exemplaire, ensemble, elle comme relieuse et moi comme dessinateur, pour une des mes expositions autour de Christian, mon personnage volatile taciturne. Je découvrais que Valérie n'était pas seulement chanteuse, musicienne, mais aussi douée en façonnage de cartons et de papiers. Bricolo tatoo suffragette.
Lors de l'année 2013, je décidais de publier 52 singles et proposais à Valérie d'écrire quelques une des paroles, et aussi de chanter. Il y'eut une chanson de reggae "lady at the door", puis une de samba pop "mini samba", et aussi un métal en espagnol "death". Ravi de cette expérience, je proposais à Valérie d'écrire deux textes de plus pour "Ballads" ainsi que de chanter en choriste mais aussi en lead dans ce même album. Valérie écrit vite ses textes et sait les faire danser. J'aime beaucoup les mots qu'elle utilise et la rapidité avec laquelle elle les choisit. 
Dans "Ballads", elle chante "Soldiers of Creation" et "Ice Gold" sous le nom d'Animau, qui semble être son nouveau pseudonyme de chanteuse, après Squeeze Me I Squeak, même si Valérie n'aime pas trop fixer les choses. Ainsi, je ne sais pas ce qu'est Animau par rapport à Squeeze Me I Squeak et je pense qu'il va m'être difficile d'en percer le mystère. Valérie a écrit deux textes dans "Ballads". Tout d'abord "Ice Gold" qu'elle chante également, mais aussi "Ballads", la chanson titre du disque, qui est une ballade qu piano que je chante. Elle a aussi chanté des choeurs un peu partout dans l'enregistrement.
Je vous recommande bien sûr de vous intéresser à ce que propose Valérie en général. Elle a récemment chanté aux Trois Baudets, une reprise de Slade, invitée par Cléa Vincent et accompagnée par Raphael Thyss, Batist, Raphael Leger et Laurent Saligaud, mais elle peut tout aussi bien faire d'autres choses dans les prochains mois. C'est une instinctive discrète et mystérieuse aux faux airs de Kate Bush, difficile à suivre. Peut être qu'en cherchant du coté de la reliure de livre, ou bien de Squeeze Me I Squeak, Animau, ou des soirées qu'elle organisa, des années avant tout le monde, autour du burlesque, on peut retrouver Valérie Hernandez. Electron libre, punkette rétro et touche à tout, elle est dans le coin, plus ou moins, ne s'affiche que peu et se cache dans son terrier. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire